Henry Purcell – « Cold song » / King Arthur, Acte III, scène 2 (Arthur Deller)

Ici magnifiquement chanté par le baryton Maurice Bever, cet aria est un trésor de la musique baroque que j’aime tant.

Issu de l’opéra King Arthur, il s’agit d’un hymne chanté par le Génie du Froid à l’adresse d’un dieu qu’il ne parvient pas encore à discerner. À l’inverse de la Reine des neiges, qui se réjouit de retourner à l’hiver (« Libéréée, délivréée » ) , le Génie du Froid est transi et à bout de forces (aujourd’hui un ado dirait « au bout de sa vie » ) , si bien qu’il ne peut dans un premier temps prononcer que des mots glaçants et désespérés, scandés par une musique saccadée – quelle subtile façon de représenter en musique l’hiver, le tremblement, le frisson, l’engourdissement!

« Quelle puissance es-tu ?

Toi qui viens des profondeurs,

qui m’obliges à me lever,

lentement et à contre cœur,

de mon lit des neiges éternelles,

ne vois tu pas que raide et effroyablement vieux,

je suis bien incapable

de supporter cet âpre froid ?

Je respire à peine,

laisse moi, laisse moi,

geler de nouveau à en mourir » .

Mais dans la scène suivante, le Génie du Froid reconnaît que c’est à Cupidon qu’il s’adresse, et alors il s’éclaire et retrouve des forces, reconnaissant le pouvoir de l’amour (du printemps!) pour décongeler les cœurs et les âmes:

« À l’apparition de l’amour le ciel s’éclaircit,

suprême amour je te connais

Tu es de tous les dieux le plus ancien,

tu as créé le ciel et la terre

C’est l’amour qui nous a réchauffé« 

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