« Comment l’éco-anxiété ronge le monde universitaire » (Usbek & Rika)

« Dans le petit milieu universitaire de la recherche environnementale, exercer son métier est devenu un défi psychologique à part entière. Face aux vagues de « mauvaises nouvelles » scientifiques, à l’inaction générale et à la désinvolture des politiques, de plus en plus de chercheurs ne cachent plus leur anxiété. Bien souvent, celle-ci prend la forme d’un stress diffus mais permanent. »

Pour moi ça fait 15 ans que ça dure, depuis que j’ai pris un cours « Environnement et politique » en M1 de science politique.
A chaque lecture sur l’actualité écologique, à chaque nouvelle illustration du déni quasi généralisé, de l’incompréhension des ordres de grandeur, de la généralisation d’un greenwashing de plus en plus grotesque et sans vergogne, de l’inertie de l’action publique environnementale, c’est un tour de vis supplémentaire dans l’angoisse (je dis souvent que je porte l’absence d’angoisse des autres).
Fort heureusement, le retour des étudiants est de plus en plus positif, et c’est très gratifiant de me dire que j’ai sensibilisé et formé des milliers de jeunes à ces enjeux.
Mais pour être honnête, ce qui me sauve ces dernières années, c’est le fait d’être dans l’action en dehors de l’Université: livres chez Terre vivante, conférences et formations sur la permaculture et la transition écologique des territoires, plantations et récoltes dans mon jardin…
Si je n’étais QUE universitaire, peut-être que je serais déjà à l’asile?

[Ajout en réponse à un commentaire: « Pas besoin d’être un universitaire pour partager ce sentiment, il suffit d’être un citoyen lucide. »
C’est vrai, bien sûr.
Mais par rapport à un citoyen lucide lambda, c’est un sujet que je suis OBLIGÉ de me coltiner presque quotidiennement, pour être bien au courant des nouveaux enjeux, des nouvelles « solutions », des nouvelles impasses… Je suis donc aux premières loges pour prendre un coup de pelle à chaque nouvelle lecture, sur tous les sujets et à toutes les échelles géographiques.
Et surtout mon métier est précisément de transmettre des savoirs, donc je suis aussi aux premières loges pour comprendre à quel point c’est difficile, à quel point les mécanismes de la méconnaissance et du déni sont puissants et généralisés, à quel point la sensibilisation avance à pas de fourmi alors que le désastre avale tout comme un tsunami…
ce qui est terrible avec la « collapsalgie » (Charline Schmerber ), c’est que plus on en sait, plus c’est dur…]

L’article de Uzbek & Rika: « « Plus je lis le GIEC, plus je m’enfonce dans le désespoir » : comment l’éco-anxiété ronge le monde universitaire »

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