C’est confirmé, Dieu est mort.
Quand je n’avais pas encore un genou en vrac et des cheveux gris, j’ai beaucoup joué au tennis. C’était mon sport, je faisais de la compétition individuelle et par équipes, j’ai été classé à un niveau honnête (15/1, pour celles et ceux à qui ça parle). J’ai même été moniteur de tennis à la Fac.
J’ai adoré ce sport où il faut allier la technique, le physique, le mental, la stratégie…
Sur le strict plan du jeu et de la technique (pour le reste j’aurais beaucoup à dire), Roger Federer était pour moi l’incarnation même du tennis, avec une élégance et une classe incomparables, le côté aérien dans le déplacement, le coup d’oeil… Tout ce qu’il faisait était marqué du sceau de la facilité, de l’aisance, du génie, de l’inventivité de tous les instants.
Si un dieu avait créé le tennis et s’était dit « Tiens, je vais créer un mec qui jouera ce sport à la perfection », ça aurait donné à peu près Federer.
Pour expliquer à un jeune joueur comment on tape un service, ou un coup droit, ou un revers, ou une volée, et surtout, surtout, comment on construit un point, c’est fastoche : il n’y a qu’à montrer des vidéos de « Rodgeur ».
C’est bien simple: Federer, je l’appelais Dieu.
Aujourd’hui, deux autres joueurs ont un palmarès plus fourni, mais ils ne font pas le même sport. Pour moi Federer est et reste le plus grand. The GOAT.
Depuis qu’il n’est plus sur le circuit, je ne regarde plus de tennis: sans lui, ce n’est plus qu’un sport de bourrins qui tapent fort.
Pour un portrait passionnant (et pas forcément très élogieux), je renvoie à cet excellent article de Usbek & Rika, qui décrit Federer comme « un cartésien ultra-rationnel« , un joueur marqué par une « obsession du contrôle total« , maus aussi un amoureux du « classicisme« . Tout cela est très juste à mon avis, de même que cette sentence: « Il n’apparaît plus comme un simple athlète, mais plutôt comme un artiste se livrant régulièrement à des « performances », ces représentations d’art éphémère centrées autour du corps, de l’espace et du temps, trois dimensions que « Rodgeur » maîtrise parfaitement. »
Dans ce portrait, il est aussi écrit que « Dans leurs commentaires et leurs analyses, les « federistes » usent d’ailleurs jusqu’à la corde de métaphores artistiques, à l’image du golfeur Greg Norman, pour qui « regarder un revers de Roger, c’est comme regarder Mona Lisa », ou du philosophe André Scala, qui compare le tennisman au pianiste canadien Glenn Gould, qui partageait avec Federer l’obsession de « faire de son jeu une œuvre. » » Là encore, je me reconnais totalement dans cette description 😉
Et parce qu’il est quand même question de tennis, cette vidéo des 100 plus beaux points de Federer ne pourra que laisser pantois tout amateur de tennis qui se respecte (ça prend du temps, mais quand on aime on ne compte pas?)