La fève est pour moi un légume très utile et important au jardin, l’un de ceux que je cultive systématiquement chaque année.
– Sur le plan alimentaire, elle apporte beaucoup de protéines puisque c’est une légumineuse. Je n’ai absolument pas pour objectif d’être « autonome en nourriture » (pour moi c’est un fantasme qui peut être assez dangereux), mais enfin c’est quand même intéressant de produire une partie de son alimentation, et notamment de ses protéines, à la fois pour des raisons financières et pour des raisons écologiques (entre produire de la nourriture tout à la main et en circuit hyper-court et faire venir en véhicules motorisés de la nourriture produite ailleurs à grands coups de pétrole, d’engrais et de machines agricoles, il n’y a clairement pas photo).
– La fève permet de végétaliser son alimentation, ce qui est très pertinent sur le plan climatique (et aussi sur le plan de la biodiversité et de la souffrance animale, mais sur ces points c’est surtout vrai pour l’élevage intensif).
– Comme toutes les fabacées, la fève fixe l’azote de l’air dans le sol (plus précisément, ce sont des bactéries en symbiose avec ses racines qui fixent l’azote qui circule dans des petites bulles, lesquelles en éclatant amendent le sol et le rendent donc plus fertile pour les cultures suivantes). Elle est donc très intéressante dans une optique de rotation des cultures: là où on a cultivé des fèves au printemps, on peut par exemple installer des choux pendant l’été.
– Enfin, la fève est un légume vraiment très facile à cultiver, je trouve. Elle est rustique, elle supporte le gel, au pire elle produit des gousses moins fournies et des grains moins gros. À la floraison elle est envahie de pucerons, mais je vois toujours arriver alors beaucoup de coccinelles (qui les dévorent), si bien que par la suite, quand les pucerons commencent à s’attaquer aux choux, leurs prédatrices sont déjà sur place en nombre.
– Il faut dire aussi que la fève se conserve très facilement au congélateur, en sachet pour combler les espaces entre les boîtes. Pour les consommer au fur et à mesure, j’en prélève de temps en temps quelques poignées en les grattant dans le sachet.
Sur le plan strictement gastronomique, je dois dire que je ne suis pas très fan des fèves. Je les apprécie quand elles sont très fraîches (coupées en tranches dans une salade), sinon il faut qu’elles soient bien cuisinées, par exemple cuites assez longtemps dans un jus à la tomate et à l’huile d’olive, agrémentées d’herbes et d’épices, etc. Avec une céréale, c’est très bon.
Sur cette photo, il y a près de 2 kilos de fèves. J’en ai récolté environ le double, sur une quarantaine de pieds, qui prennent assez peu de place.
Ma variété préférée est la fève douce d’Aguadulce.
Les graines se ressèment facilement, mais il faut faire attention à ce que le germe ne soit pas bouffé par un petit insecte ravageur. Pour l’éviter, il paraît qu’on peut les mettre quelques semaines au congélateur. Personnellement je les laisse en bocal et à l’air libre lorsque je les ai récoltées dans des gousses bien sèches, et lorsque c’est le moment de les semer, je mets dans l’eau toutes les graines, et quelques jours plus tard je mets en terre uniquement celles dont la germination a commencé (c’est-à-dire la plupart, même celles qui ont des trous). Pour l’instant ça marche comme ça, mais le passage au congélo est sans doute plus prudent.