The Waterboys – « Fisherman’s blues »

Après U2 avant-hier, retour vers l’Irlande? Eh bien non, puisque contrairement à ce que la couleur de la pochette de cet album peut laisser croire, il a été enregistré par un groupe créé en 1983 par l’écossais Mike Scott (avec quelques autres écossais… et irlandais, certes). Au cours de sa carrière, qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui, ce groupe a sorti quinze albums, dans un style qui mélange le folk, le rock, la musique celtique et les chants traditionnels populaires.

Depuis que je suis petit, j’ai une sympathie particulière pour l’Irlande, l’Écosse et le Pays de Galles, pour une raison qui n’a pas grand-chose à voir avec la culture et la langue, mais avec le rugby. Quand j’ai commencé à regarder ce sport, il n’y avait pas encore de Coupe du monde, et la compétition reine était le Tournoi des cinq nations, pendant cinq samedis de chaque hiver. À l’époque, l’adversaire le plus dangereux pour la France était l’Angleterre, qui avait un jeu restrictif et étriqué que je détestais, et qui avait le mauvais goût de nous battre souvent. En comparaison, j’aimais le jeu foufou et désordonné des Irlandais, des Gallois et surtout des Écossais, qui en plus étaient des adversaires plus abordables. Je les soutenais donc systématiquement quand ils jouaient contre les Anglais – et d’ailleurs c’est encore le cas: une victoire de l’une de ces trois nations à Twickenham, et ma journée est faite.

Malgré cette sympathie instinctive pour l’Irlande, l’Écosse et le Pays de Galles, je n’aime pas trop la musique celtique, que je trouve trop « folklorique » et monotone. Mais il y a quelques exceptions lorsqu’elle est hybridée au rock et au folk (comme chez The Pogues et The Waterboys), voire à la musique médiévale (comme chez Dead can dance).

De ce point de vue, l’album « Fisherman’s blues » , sorti en 1988, est une sacrée réussite. L’alliance entre la batterie, la basse, des violons toniques qui lorgnent vers la country ou la musique tzigane, le bouzouki (une sorte de mandoline d’origine grecque qui fut importée en Irlande il y a fort longtemps), les choeurs…, tout cela donne une musique très joyeuse et entraînante, comme on entendait sans doute le soir dans les pubs de Dublin ou les cales des navires marchands en partance pour le nouveau monde.

Quant à « Fisherman’s blues », la chanson, elle décrit le rêve d’un homme qui languit de partir arpenter les mers et d’y découvrir, avec les grands espaces, un sentiment de liberté dont il est privé (« And the chains all around me / will fall away at last » ).

Cet homme croit dur comme fer à son rêve (« I wish I was a fisherman » ), à tel point qu’à la fin de la chanson il en parle comme d’une réalité qui va forcément se réaliser (« I will be the fisherman » ).

Ce sera peut-être difficile, parce que cet homme n’est pas comme Marius qui, dans la trilogie marseillaise de Pagnol, est tellement obsédé par son rêve qu’il peut partir comme un voleur en laissant derrière lui du jour au lendemain la femme qu’il aime. Il est plus gourmand, il veut tout à la fois le plaisir, la liberté et l’amour. C’est un tout petit peu plus difficile à obtenir ensemble. Mais quelques-uns ont réussi à toucher ce Graal, les bienheureux.

« I wish I was a fisherman

tumblin’ on the seas

far away from dry land

and it’s bitter memories

castin’ out my sweet line

with abandonment and love

no ceiling bearin’ down on me

save the starry sky above

with light in my head

with you in my arms… »

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