Longtemps, cette chanson si caractéristique de la variété française des années 70 a fait partie de celles que je trouvais très kitsch, mais que je m’amusais à entonner avec entrain quand je l’entendais par hasard, sans trop accorder d’attention aux paroles, comme si c’était une petite bluette assez anodine. Je découvre aujourd’hui que cette chanson fait aussi partie de celles qui, au hasard de la vie, peuvent soudain prendre un poids qu’on n’aurait pas soupçonné.
Comme beaucoup de chansons populaires, finalement…
Dans « Téléphone moi », Nicole Croisille décrit les affres d’une femme qui s’apprête à quitter l’homme avec elle vit depuis des années, et avec lequel elle n’est plus heureuse (« C’est décidé, cette nuit je pars » ). Mais cette femme a beau être convaincue et avoir pris sa décision, elle a beau savoir parfaitement ce que lui murmure son cœur, elle est encore retenue par des souvenirs (« Mes yeux se posent ici et ailleurs » ), par des habitudes rassurantes (« Il me regarde et il me sourit / Il a toujours partagé ma vie » ), par les promesses de cet homme (« Il disait, « au prochain printemps / il faudra me faire un enfant » » ), et par dessus tout par la peur de l’inconnu et de ses conséquences, par la terreur de lâcher la proie pour l’ombre.
Alors cette femme, sentant ses jambes vaciller, demande à l’homme qu’elle aime désormais de lui envoyer des signes de son amour, pour l’aider à trouver l’audace et la force de le rejoindre (« Je me sens vide et tout au fond de moi, / pour le quitter, pour courir vers toi, / j’ai besoin d’entendre ta voix / Le courage me manque, aide-moi » ).
Est-il possible de donner du courage à distance? J’espère bien que oui.
« Téléphone moi
Appelle moi et dis moi
que tu m’aimes, que tu m’aimes, que tu m’aimes
Téléphone moi, rassure moi et dis moi
que tu m’aimes, que tu m’aimes, que tu m’aimes »