Récolte de pommes de terre : le verdict
Ces jours-ci, j’avais des échos très négatifs de la part de plusieurs jardiniers, notamment de mon voisin Jean-Claude, dont la récolte est 3 fois moindre que d’habitude (et c’est un jardinier expérimenté). D’après lui, ce sont les pluies quasi quotidiennes du printemps qui ont ralenti le départ des plants, et le résultat est qu’il y a beaucoup moins de tubercules, et en plus ils sont plus petits.
Cet après-midi, je suis sorti déterrer les miennes entre deux séries de rapports de stage de M2. La récolte des pommes de terre, les genoux et les mains dans la terre, c’est vraiment fatigant, surtout que j’essaye de soulever la terre assez délicatement pour ne pas abîmer les pommes (sinon elles se conservent moins bien). Mais cette fois-ci, avec les informations que j’avais, j’appréhendais vraiment ce que ça allait donner.
Au final ce n’est pas terrible: j’ai pesé en tout 16,5 kilos, alors qu’avec la surface que j’avais plantée (environ 40 m2), j’en espérais au moins le double, ou même le triple si tout allait au mieux.
Je n’ai pas pour autant l’impression d’avoir travaillé pour rien, pour deux raisons:
1) chaque échec me fait toucher du doigt à quel point notre sécurité alimentaire est fragile (et ce sera de plus en plus le cas à cause notamment du changement climatique, de la fin progressive du pétrole abondant et bon marché et de l’effondrement de la biodiversité). Comme dit Jean-Claude, « on mangera des nouilles ». Je veux bien, mais cette année les rendements de blé sont en très forte baisse partout en France… C’est assez flippant quand même. S’il fallait que je nourrisse avec ma seule production… j’aime mieux ne pas y penser.
2) par ailleurs, chaque échec donne des indications sur ce qui marche ou ce qui ne marche pas, et en cela il est utile pour les années suivantes. Pour l’instant nous sommes dans un contexte où on peut se rater dans les grandes largeurs sur nos récoltes, car les magasins sont achalandés. Alors quitte à me planter, je préfère que ça arrive maintenant plutôt que dans quelques années…
Cela dit, ma récolte n’est pas aussi catastrophique que je l’avais craint, ce n’est pas la Bérézina. Compte tenu de nos surfaces respectives, mon rendement est même au moins 3 ou 4 fois supérieur à celui de Jean-Claude. Et contrairement à l’année dernière, je n’ai pas la moindre trace de pourriture due au mildiou: la conservation devrait être excellente.
Les enseignements de l’année:
– Décidément, la pomme de terre a besoin de ne surtout pas être enserrée dans un sol sec et durci. Sur une petite parcelle, je n’ai pas paillé assez ni assez vite après avoir installé les plants, si bien que la terre a très vite durci: ici la récolte est carrément minable. Sur la deuxième parcelle, la plus importante, la terre est beaucoup plus aérée, et le rendement est correct, voire bon sur certains plants.
– La pomme de terre aime le compost en grande quantité. Cette année j’ai balancé sur tous les jeunes plants une grosse pelletée de compost de brebis mûr, et visiblement ils ont aimé cette façon particulière de les « butter ».
– Quand j’ai fini mes plantations, il me restait pas mal de plants en mauvais état, par exemple avec des germes bien trop longs. Je les ai balancés sur une troisième toute petite parcelle (3 m² maximum), et je les ai eux aussi recouverts de compost, « pour voir ». Le résultat: presque 4 kilos de récolte: en termes de rendement par rapport à la surface et au travail investi, c’est incomparablement plus performant!
Le souci est que comme j’ai balancé là plein de plants, je me retrouve avec d’innombrables pommes de terre petites, voire minuscules (c’est de la mini grenaille). Moi qui aime manger la peau des jeunes pommes de terre, ça ne me dérangera pas.
Mais sur cette zone, les plants un peu à l’écart ont donné des pommes de terre un peu plus grosses. L’année prochaine, je vais donc généraliser cette pratique: poser les plants sur un sol bien ameubli, et tout de suite recouvrir d’une belle épaisseur de compost mûr. Ça ressemblera à la culture sous paille.