Aldo Leopold: « un émerveillement devant la grandeur et la beauté de l’entreprise biotique »

Aldo Léopold était un écologiste, forestier, et environnementaliste américain (1887 – 1948).

Il est l’un des fondateurs de l’éthique environnementale aux Etats-Unis. Plus précisément il est l’un des pères fondateurs de ce qu’on appelle « l’éthique écocentrée » , c’est-à-dire celle qui estime que si les humains doivent accordent une valeur intrinsèque à la nature, ce n’est pas chaque être vivant animal qui doit être absolument préservé (ce vautour, cette vache, ce séquoia…), mais c’est ce qu’il appelait la « communauté biotique » , c’est-à-dire l’ensemble des êtres vivants qui peuplent un écosystème donné ou la biosphère dans son ensemble (qu’on peut appeler la « Création » , si on est croyant). Le but de l’éthique écocentrée est de faire en sorte que la vitalité et la capacité de renouvellement et d’adaptation de chaque écosystème soit maintenue… quitte à sacrifier parfois certains individus. Cette approche globale, il l’a résumée dans une intrigante formule: nous devons « penser comme une montagne » . Cette métaphore nous invite à au niveau des écosystèmes, à « penser global » (comme dira plus tard le discours écologiste), avec pour mission fondamentale de ne pas déséquilibrer la nature, de la laisser au maximum évoluer dans la direction qu’elle prendrait spontanément, ou en tous cas de lui laisser le plus de chances pour évoluer de façon libre.

Edité en 1949 par son fils Luna, soit un an après sa mort, « Almanach d’un comté des sables » est l’ouvrage le plus célèbre d’Aldo Leopold. Il fourmille de citations très inspirantes, comme par exemple celles-ci:

« Nous savons à présent tout ce qu’ignorait avant nous toute la caravane des générations : que l’homme n’est qu’un compagnon-voyageur des autres espèces dans l’odyssée de l’évolution. Cette découverte aurait dû nous donner, depuis le temps, un sentiment de fraternité avec les autres créatures ; un désir de vivre et de laisser vivre ; un émerveillement devant la grandeur et la beauté de l’entreprise biotique.« 

« Qui et quoi, au juste, aimons-nous? Certainement pas le sol, que nous envoyons à vau-l’eau au fil des fleuves. Certainement pas ces fleuves eux-mêmes, dont nous pensons qu’ils n’ont d’autre fonction que de faire tourner nos turbines, porter nos péniches et charrier nos déchets. Certainement pas les plantes, que nous exterminons sans ciller par communautés entières. Certainement pas les animaux, dont nous avons déjà exterminé bien des espèces parmi les plus grandes et les plus belles. Une éthique de la Terre ne saurait bien entendu prévenir l’altération ni l’exploitation de ces ressources. Mais elle affirme leur droit à continuer d’exister, et par endroits du moins, à continuer d’exister dans un endroit naturel. En bref, une éthique de la Terre ferait passer l’homo sapiens du rôle de conquérant de la communauté Terre, à celui de membre et citoyen parmi d’autres de cette communauté. Elle implique le respect des autres membres, et aussi le respect de la communauté. »

« Une chose est juste lorsqu’elle tend à préserver l’intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique. Elle est injuste lorsqu’elle tend à l’inverse. »

« Tout comme le vent et les couchers de soleil, les êtres sauvages faisaient partie du décor jusqu’à ce que le progrès se mette à les supprimer. Nous sommes maintenant confrontés à la question de savoir si un « niveau de vie » encore plus élevé justifie son prix en êtres sauvages, naturels et libres. »

« Il y a des gens qui peuvent se passer des êtres sauvages et d’autres qui ne le peuvent pas. Ces essais sont les délices et les dilemmes de quelqu’un qui ne le peut pas. »

Beau projet que de travailler à l’essor de cette éthique de la terre…

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