Après l’amour qui s’en est allé (Billie Holiday hier), aujourd’hui voici l’amour qui revient, en tous cas l’amour que l’on espère, que l’on attend, que l’on guette et que l’on imagine avec fébrilité, que l’on chérit avant même qu’il soit là, et à qui on a envie de sourire et de souhaiter la bienvenue quand il semble poindre le bout de son nez, avec toute la douceur dont on est capable.
La chanson n’est pas forcément aussi romantique qu’il n’y paraît au premier abord. C’est d’abord une méditation froide et lucide sur les échecs sentimentaux cuisants que Nick Cave a vécus, une reconnaissance que l’amour romantique et passionnel, celui qui emporte et transporte, celui dans lequel on se consume avec fièvre, n’est finalement qu’une extase éphémère, et donc illusoire si on espère le prolonger tel quel. Comment pourrait-on faire durer un coup de foudre ? « Stars have their moment, then they die » .
Mais en formulant cette confession sur l’échec de ses relations passées, Nick Cave dessine aussi, en creux, ce que pourrait être un amour plus véritable, à la fois plus paisible, plus tendre et plus durable, et peut-être aussi plus sincère, en tous cas moins illusionné. Un amour sans doute moins intense et volcanique, mais qui au lieu de brûler brièvement, réchauffe de façon lente, douce et profonde.
C’est en tous cas en pensant à ce type d’amour que je me sens très ému par la phrase-titre de cette chanson, qui clôture chaque couplet. C’est l’une des plus belles déclarations d’amour que je connaisse, et c’est celle que n’importe qui, je crois, rêverait d’avoir entendu au moins une fois dans sa vie.
« Are you the one that I’ve been waiting for ? » , c’est aussi l’une des questions les plus délicieusement troublantes qui soit. Est-ce que tu es celle que j’attendais ? Est-ce que c’est toi qui va changer ma vie ? Est-ce toi ?
Je brûle de pouvoir poser à nouveau cette question, les yeux dans les yeux.
« I’ve felt you coming girl, as you drew near
I knew you’d find me, cause I longed you here
Are you my destiny ? Is this how you’ll appear ?
Wrapped in a coat with tears in your eyes ? »
« There’s a man who spoke wonders though I’ve never met him
He said, « He who seeks finds and who knocks will be let in » »