Cette chanson magistrale résume une vie de couple en quelques minutes, dans un dialogue par post-it interposés, de l’émerveillement et l’excitation qui caractérisent les commencements (« Il faut qu’on se revoie / J’ai beaucoup pensé à toi » , « Je rêve de ton corps, je rêve de ta bouche / Je te veux près de moi, je veux que tu me touches / Je rêve de ta peau et de tes mains / Je ne pense qu’à toi, je bosse plus, je fous rien » / « Je suis à toi, je te veux, je pense à nous / Tu es mon homme, tu es mon idéal« ) , de l’enracinement du lien amoureux et conjugal (« Je suis enceinte » / « Ton père a refait une attaque, cette nuit / Je t’aime, appelle-moi, je pense à toi, je pense à lui« ) , jusqu’à l’affadissement progressif de ce lien, l’agacement et la lassitude, et pour finir le naufrage.
Pendant longtemps, j’ai été assez accablé par cette vision désabusée – sans doute parce que je ne savais pas comment faire pour empêcher la déréliction de mon propre couple, et parce que j’en souffrais énormément.
Aujourd’hui j’aime toujours autant cette chanson, mais j’ai plutôt envie d’y voir un rappel: il faut beaucoup prendre soin d’une relation pour qu’elle reste vivante et épanouissante. Alors ce que j’ai envie d’extraire de ce texte, ce sont plutôt ces mots candides, qui correspondent en général au début d’une relation amoureuse, mais qu’on ferait bien de répéter longtemps après, pour renouveler encore et toujours l’engagement lumineux des commencements:
« Parce que je t’aime, parce que tu me rends heureux,
parce que des fleurs dans une cuisine c’est joli,
je t’embrasse encore, encore, ouais là aussi »