« Losing my religion » , c’est LE tube de R.E.M, celui que tout le monde connaît, et dont certains peut-être sont un peu saoulés après l’avoir adoré, à force de l’avoir entendu et réentendu partout.
J’adore cette chanson pour sa structure bizarroïde (un refrain qui n’en est pas vraiment un, une introduction à la mandoline très originale, des arrangements léchés, des choeurs légers, des petits nappes de violons après la deuxième minute…)
Je l’adore aussi pour son texte, mélancolique à souhait, qui tranche totalement avec l’allégresse de la mélodie: « Life is bigger than you » (en contrepoint à la fameuse formule « bigger than life » , tellement en vogue aux USA), « That was just a dream » … Dans le sud des États-Unis, on utilise l’expression « losing my religion » pour dire qu’on a perdu son calme, qu’on n’arrive plus à se contrôler. C’est une chanson sur la désillusion, sur le parfum âcre de la défaite.
Pour autant, c’est une chanson qui procure immédiatement de la joie – pour s’en convaincre, écoutez donc une version live, et notez l’acclamation enthousiaste du public dès les premières notes à la mandoline!
Si je partage cette chanson, c’est aussi parce que c’est une belle partie de la bande son de mes années de jeunesse.
J’étais étudiant, à l’IEP de Grenoble. À l’issue d’une soirée avec la promo, plusieurs d’entre nous avions prolongé la nuit, qui est devenue blanche, finalement. Nous avions écouté un paquet de fois cette chanson, qui n’était pas encore sortie en France (l’un de nous, veinard, avait récupéré ce single la veille lors d’un concert de R.E.M à Alpexpo).
Au beau milieu de la nuit, juste avant ou juste après une tournée de pâtes bolo, j’avais perdu de seulement un malheureux point une garde contre à un contre quatre (j’avais appelé l’un des rois de ma main pour brouiller les pistes et ramasser toutes les têtes à la fin grâce à mes atouts). Shit.
Je ne pourrai plus jamais entendre ce riff de mandoline sans repenser à cette nuit-là. C’est la magie de la musique (ou sa malédiction, c’est selon les souvenirs qu’elle évoque…)
« Every whisper, of every waking hour,
I’m choosing my confessions,
trying to keep an eye on you
Like a hurt, lost and blinded fool, fool
Oh no I’ve said too much
I set it up »