Jay-Jay Johanson – « Alone again »

J’aime beaucoup l’insaisissable Jay-Jay Johanson, dont la discographie est très riche et émouvante, notamment sur ce magnifique album paru en 1999, qui regorge de trésors intimistes et déchirants (« Poison » , « Far away » , « Believe in us » , « Colder (I want you no more) » , « Suffering »…) Les boîtes à rythmes et les synthés omniprésents installent une distance qui, paradoxalement, surlignent l’émotion, la rendant encore plus vive et plus écorchée que si elle était déballée sans précaution.

« Alone again » illustre très bien cette description d’un chanteur qui camoufle ses émotions pour mieux les dévoiler (mais en les réservant à celles et ceux qui seront vraiment prêts à l’accueillir).

C’est une chanson qui parle de la fin d’un amour et des sentiments douloureux qui l’accompagnent: l’incompréhension (« How could a love like ours come to an end / We had it all but lost it ’round the bend / There’s something that I’ll never understand« ) , la désolation de n’avoir pas su bichonner une relation qui méritait de l’être (« The years that pass divide us« ) , et une tristesse qui semble si vive que peut-être, en tous cas on le craint, elle n’aura pas de fin.

Dans « Alone again » , j’ai toujours été bouleversé par le troisième couplet, qui décrit le chagrin d’un père qui ne voit plus guère sa petite fille et qui, à chaque fois qu’il passe un moment avec elle, a le coeur serré de voir surgir sur son visage le regard et le sourire de sa maman: « I see her one week-end now and then / I’ve realized I’m like a long lost friend / She has your eyes, your funny little smile / Her lovely laugh brings you back for a while« ). Quand mes enfants étaient encore jeunes, je me disais à chaque écoute que j’avais une chance immense de ne pas avoir à traverser cette épreuve…

Si je partage cette chanson aujourd’hui, c’est parce que son titre est de circonstance: me voilà de retour dans mon Limousin d’adoption, à nouveau seul, après deux semaines trépidantes et pleines de chaleur humaine. Avec un reconfinement à encaisser d’ici quelques jours ou quelques semaines ? Peut-être, en tous cas je le crains. Si c’est le cas, j’espère que celui-là ne durera pas trop, parce que la solitude qui dure et qui s’installe, qui revient de matin en matin, qui s’impose comme le seul horizon durant des semaines entières, à la longue c’est une épreuve qui me mine vraiment 🙁

« But I’m alone again, alone again

Though the years that pass divide us

I am alone again, alone again

Something’ll never keep us apart »

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