Dans ses premières années, Depeche mode était l’un des leaders d’une new wave qui me laissait un peu froid, car je trouvais qu’elle avait tendance à tanguer vers la musique de foire (les synthés de « Just Can’t Get Enough » , ça m’agace au bout de quelques minutes).
Et puis est venu l’album « Violator » , infiniment plus riche et subtil.
Tout le monde a en mémoire le tube planétaire de cet album « Enjoy the silence » , que je partagerai un peu plus tard. « Waiting for the night » est moins connue, mais encore plus belle à mon goût. Elle parle de la peur que l’on peut ressentir face à un monde si dur et violent qu’on a envie de s’en protéger en se cachant – et pour ça quoi de mieux que la pénombre et le calme du crépuscule ? Surtout si on a confiance d’avoir au-dessus de soi une étoile ou un ange gardien pour nous éclairer et veiller sur nous, et nous guider peut-être.
Cette chanson est d’autant plus touchante pour moi qu’à l’époque, le chanteur de Depeche Mode Dave Gahan était à mille lieues de la sérénité dont il parle ici: bien au contraire, il était profondément englué dans la drogue, et cinq ans plus tard il a réchappé d’une tentative de suicide. J’ai remarqué que bien souvent, on parle d’autant plus du bonheur et de la paix qu’on en est loin – peut-être justement pour essayer de se cacher à soi-même le fait qu’on en est loin. Dans ce cas, ce n’est jamais qu’une façon de plus, encore plus pernicieuse au fond, de se trahir soi-même…
« I’m waiting for the night to fall,
when everything is bearable,
and there in the still, all that you feel
is tranquility
There is a star in the sky
guiding my way with its light
And in the glow of the moon,
I know my deliverance will come soon »