C’est entendu, Barbara est une immense artiste, ses textes comme ses mélodies sont d’une poésie splendide.
Mais que les fans me pardonnent, j’ai un peu de mal à supporter sa voix, et plus encore sa façon de chanter que je trouve souvent maniérée et agaçante, surtout quand elle enfile les roulements de rrrr. D’où ma préférence, en général, pour les reprises. J’aime que ses textes soient chantés avec la douceur et la simplicité qu’ils méritent.
Pour cette chanson magnifique, j’ai pensé choisir la version de Hindi Zahra, accompagnée par Alexandre Tharaud au piano et François Salque au violoncelle… mais elle est en anglais, ce qui ne mettrait pas assez en valeur l’immense talent d’écriture de Barbara.
J’ai aussi été tenté de partager la reprise impeccable de Gérard Depardieu, à la fois sobre et fiévreuse (mais le personnage ne m’est pas très sympathique, surtout depuis la révélation de son comportement obscène et prédateur avec les femmes, et en général j’ai un peu de mal à « séparer l’artiste de l’oeuvre » ) , ou celle de Nilda Fernandez, extrêmement sensible (mais je trouve l’orchestration un peu mièvre). Et puis je sais que cette playlist est loin d’être paritaire, alors si en plus je remplace Barbara par un homme, Stéphanie va me taper sur les doigts 😉
Quant aux autres reprises, elles oscillent entre le navrant et le sacrilège.
Au final, retour à la case Barbara pour le chant, même si je ne suis pas pleinement emballé.
Ceci étant dit, quelle chanson…
Barbara parle ici du chagrin amoureux au sein même du couple, de la tristesse de sentir que la personne qu’on aime ne nous accorde pas autant de valeur qu’on le voudrait… et sur ce thème pas si battu et rebattu que ça (en général les chansons sur l’amour brisé évoquent plutôt ce qui se passe après la rupture), elle s’installe tout près des sommets.
Ce que j’aime surtout dans ce texte, c’est que Barbara ne se contente pas de décrire sa peine de façon poignante: elle reste fidèle à sa pulsion de vie et elle sait déjà qu’un jour, si cette relation reste cruelle et insatisfaisante, elle mettra la même intensité à en rechercher une nouvelle et à s’y investir. « Se réchauffer à un autre soleil » , quelle superbe façon de décrire un nouvel amour!
« Je tangue, je chavire, et comme la rengaine,
je vais, je viens, je vire, je me tourne, je me traîne
Ton image me hante, je te parle tout bas,
et j’ai le mal d’amour, et j’ai le mal de toi
Dis, quand reviendras-tu ?
Dis, au moins le sais-tu
que tout le temps qui passe
ne se rattrape guère,
que tout le temps perdu
ne se rattrape plus
J’ai beau t’aimer encore, j’ai beau t’aimer toujours,
j’ai beau n’aimer que toi, j’ai beau t’aimer d’amour,
si tu ne comprends pas qu’il te faut revenir,
je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs
Je reprendrai la route, le monde m’émerveille
J’irai me réchauffer à un autre soleil
Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin
Je n’ai pas la vertu des femmes de marins »