Villagers est un groupe irlandais qui offre un mélange original et raffiné de folk et de mélancolie (on va dire une folk tourmentée), avec dans les textes une grande attention aux petites choses du quotidien. Tout cela est porté par la voix tranquille et troublante de Conor O’Brien.
Dans cette chanson par exemple, le narrateur raconte un voyage de 27 personnes qui ne se connaissent pas et qui ne partagent rien d’autre que le fait d’attendre un bus, puis de monter dedans, et d’en descendre quand il tombe en panne.
L’air de rien, c’est une méditation sur le sentiment de solitude et d’étrangeté que l’on peut ressentir dans une foule, et qui m’est souvent familier. Quelle peut bien être la vie des gens que l’on croise, dont on ne sait rien, qui n’ont même pas remarqué notre existence, et qu’on ne reverra sans doute jamais ? Que font-ils de leur vie ? Sont-ils heureux ? Pourrait-on bien s’entendre avec eux ? J’ai toujours trouvé ces questions assez vertigineuses, car elles mettent le doigt sur notre insignifiance et notre vanité: nous ne sommes peut-être pas que poussière, mais pas grand-chose de plus quand même.
Heureusement, la chanson se termine par quelques mots adressés par cet homme à sa « dearest one » , à propos d’arbres qu’il a vus grandir autour de leur maison. Dans cette foule d’interactions anonymes, il y a au moins une relation riche, au moins une personne à qui il est attaché et avec qui il peut se sentir bien. C’est peut-être tout simplement ça (le lien, l’amour…) qui fait la différence entre la mélancolie et la déprime.
« Twenty seven strangers
separate without a sound
So I walked home,
just feeling nothing on my own »