Air – « Playground love »

C’est l’un des rares exemples de BO que j’ai écoutées (beaucoup) avant de voir le film, et je l’ai tellement aimée qu’elle m’a donné fortement envie de le voir… C’est peu dire que je n’ai pas été déçu. Si tous les « fils de » ou « fille de » pouvaient avoir autant de talent et de sensibilité que Sofia Coppola!

« Virgin suicides » raconte les affres de l’adolescence, les premiers émois et la difficulté à devenir femme, à travers le destin tragique des cinq filles de la famille Lisbon: recluses dans leur famille, constamment surveillées et contraintes par des parents obsédés par le respect de règles religieuses strictes et incapables d’empathie et de tendresse, elles finissent par se résoudre au suicide – le seul moyen pour elles de conquérir leur autonomie et leur liberté.

Tout est résumé dans le dialogue suivant:

– « Qu’est-ce que tu fais là, petite ? Tu es trop jeune pour connaître la dureté de la vie. »

– « Visiblement, docteur, vous n’avez jamais été une fille de 13 ans. »

Face aux filles Lisbon, les garçons, qui représentent le point de vue du narrateur, sont à la fois fascinés mais démunis, incapables d’entrer vraiment en relation avec ces filles aussi belles qu’énigmatiques, insaisissables et inaccessibles. Une fois les sœurs disparues, ils ne pourront qu’essayer de comprendre, conserver religieusement des objets qu’elles ont touchés, confronter leurs souvenirs et leurs fantasmes…

« Virgin suicides » est un grand film sur le drame de l’adolescence et de la vie en général: nous avons tant besoin de communiquer, et c’est si difficile, surtout quand on n’a pas eu la chance d’en apprendre le langage dans une famille aimante et enveloppante!

L’atmosphère de cette tragédie est oppressante, et l’ensemble de la BO la transcrit parfaitement en musique: une succession de morceaux lents, lancinants, ouatés, souvent répétitifs, qui expriment l’ennui et la mélancolie dans lesquels les sœurs Lisbon sont empêtrées.

Sur ce morceau, un saxophone sensuel vient apporter une touche sexy en glissant sur de longues nappes de synthé et une batterie soyeuse, comme pour indiquer combien les sœurs sont objets de désir pour les garçons du voisinage.

La french touch dans ce qu’elle a de meilleur.

« You’re the piece of gold

that flashes on my soul

Extra time, on the ground

You’re my Playground Love »

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