Mercury Rev s’est fait connaître dans les années 90 avec un rock que certains ont appelé psychédélique (mais d’autres disent plutôt « psychiatrique ») , parfois à la limite de l’audible, donnant un peu l’impression d’être enfermé entre quatre murs de son. C’est rigolo cinq minutes, mais sur la durée d’un album, au secours.
Par rapport à cette noirceur, l’album « Deserter’s song » est une ouverture lumineuse, comme un arc-en-ciel, une sortie de prison ou une retraite dans un désert baigné de soleil. Le groupe propose ici des compositions riches, travaillées, très mélodiques – une sorte de rock symphonique où les chansons sont ciselées avec minutie, portées par une liste longue comme le bras d’instruments divers et variés (guitares, basse, piano, batterie, trompette, cor, flûtes, saxophones, violons, clavecin, mellotron, wurlitzer, n’en jetez plus).
« The funny bird » illustre parfaitement cette évolution. C’est une drôle de chanson, avec un refrain instrumental en forme de plainte posée par une guitare électrique stridente (c’est la partie que je préfère, surtout ce son torturé à partir de 2’29).
Ça finit par une minute de nappes de synthé et de sons sortis d’on ne sait où, qui installent une atmosphère troublante, et qui seraient parfaits pour illustrer en musique un moment mystérieux et un peu inquiétant – par exemple une promenade au clair de lune dans un marais, ou dans le jardin d’un manoir hanté.
À la réflexion, je me dis que ce n’est pas si « baigné de soleil » que ça. Mais c’est méchamment bon.
« Like a wave along the coast
I’ve come to love the highs and lows »