Jacques Brel – « Je ne sais pas »

Les chansons de Brel que je préfère ne sont pas les plus connues. J’ai du mal avec l’emphase et la grandiloquence, et il y en a pas mal, je trouve, dans « Ne me quitte pas » , « Les Bourgeois » , et plus encore dans « Amsterdam » .

Le Brel que j’aime, c’est celui qui témoigne discrètement de ce qu’il a sur le coeur, qui parle des petits riens et de la fragilité de nos vies, par exemple de l’impression d’être démuni devant un ami dans le chagrin (« Voir un ami pleurer ») , ou de la gratitude que nous devons aux gens qui rayonnent et diffusent le bien autour d’eux sans même s’en rendre compte (« Les coeurs tendres »)…

« Je ne sais pas » est une magnifique chanson qui fait partie partie de mes favorites. Il paraît que Brel a dit un jour dans un entretien à la radio que c’est celle dont il était le plus fier, et il y a de quoi. Un texte tranchant, une voix claire, ample mais un peu désolée, une mélodie splendide, des arrangements délicats (ah ces cordes, et ces petits arpèges de harpe et cette flûte qui m’évoquent « La mer » de Debussy)…

C’est la chanson d’un homme accablé, qui encaisse sa défaite en baissant la tête, et qui sent qu’il va peut-être lui falloir du temps pour s’en remettre et pour trouver le courage et l’envie de remonter sur le ring.

« Je ne sais pas pourquoi le vent

s’amuse dans les matins clairs

à colporter les rires d’enfants,

carillons frêles de l’hiver

(…)

« Je ne sais pas pourquoi ces rues

s’ouvrent devant moi une à une,

vierges et froides, froides et nues,

rien que mes pas et pas de lune

(…)

Je ne sais rien de tout cela,

mais je sais que je t’aime encore »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *