
Je suis toujours ému par les gens qui, sans pour autant se croire pour cela supérieurs aux autres, ressentent un attachement très fort et tendre au lieu où ils sont nés et où ils ont grandi. Les gens qui sont « nés quelque part » , qui s’en souviennent et qui y puisent de quoi se ressourcer, se réconforter ou s’enthousiasmer, selon les hauts et les bas de la vie.
C’est aussi mon cas. Je viens des environs de Grenoble et je sens bien que c’est là que sont et que seront toujours plongées mes racines. C’est chez moi. Lorsque je m’en approche en train, lorsque je m’y promène, lorsque je repense à ce que j’ai vécu dans cette ville, dans le village où j’ai grandi et dans les environs, lorsque je regarde des photos ou une carte IGN de la région, et même lorsque je constate fortuitement que le FCG Rugby ou que les Brûleurs de loups ont gagné leur match du jour, alors je sens que mon coeur bat un tout petit peu plus vite, je me sens connecté par un fil invisible à quelque chose de stable et apaisant – et j’ai tant besoin de stabilité et d’apaisement!
J’envie assez les gens qui aiment vivre en nomades, qui arpentent le monde et qui se sentent partout chez eux. Ce doit être rassurant d’avoir la conviction chevillée au coeur qu’on est libre comme le vent et qu’on pourra partout être heureux, se faire des amis et se sentir bien. Mais force est de constater que je ne suis pas comme ça. L’attachement n’est pas pour moi quelque chose de spontané et paisible, il me faut du temps et de l’habitude pour qu’il naisse petit à petit… et une fois qu’il est né, il est pour moi douloureux de devoir y renoncer, que ce soit pour les lieux comme pour les gens. J’ai toujours été et je suis encore un grand nostalgique.
Alors cette chanson me plaît, pour sa musique aérienne et mélancolique (caractéristique de la morna, ce genre musical populaire du Cap-Vert, qui raconte en créole ou en portugais des histoires d’amour sur un ton léger), pour son refrain tout simple, pour la voix douce de Cesaria Evora, et pour la nostalgie et l’affection qu’elle adresse à cette « terre pauvre remplie d’amour » .
« Petit pays, je t’aime beaucoup,
Petit petit, je l’aime beaucoup… »