Benjamin Biolay – « Comment est ta peine ? »

C’est une chanson tranchante et désolée sur la séparation, sur le deuil qui met si longtemps à se faire (c’était « il y a un an, y’a un siècle, y’a une éternité« ) , sur le chagrin cruel qui, au détour d’une photo, d’un souvenir, d’une chanson ou d’un parfum, ressurgit soudain de plus belle, alors même qu’on croyait avoir réussi à le plier et à le ranger précautionneusement pour pouvoir enfin « passer à autre chose » (puisqu’il le faudra bien).

« Combien as-tu gardé de nos amis ? » Cela dit si bien le déchirement d’avoir perdu, avec un amour, les tendres habitudes qui allaient avec – les soirées entre amis, les petits rituels de la vie de couple, les douceurs de la vie de famille, et puis des lieux, des liens de sociabilité, un avenir rassurant… Cela dit de façon perçante, aussi, combien ce sentiment d’être déchiré et déraciné peut réapparaître brutalement lorsque l’on croise un de ces amis au hasard d’un coin de rue…

Mais Benjamin Biolay a trop de sensibilité et de talent pour s’en tenir là et pour nous servir une énième resucée de ce thème éternel.

Ce dont parle vraiment cette chanson, au fond du fond, c’est infiniment plus émouvant. Elle évoque ce qu’il reste d’un amour, surtout s’il a été long, intense et beau, et même si trop souvent il a été tortueux et difficile: de la tristesse, bien sûr, mais aussi de la tendresse, toujours la même envie de chérir et de prendre soin de l’autre, et le souhait de la savoir heureuse quand même. « Comment sont tes nuits ? » , « Comment va ta vie ? » , ce sont des questions que l’on peut avoir envie de poser non pas parce qu’on a peur d’être déjà remplacé ou que cela arrive bientôt, mais parce que la personne qui s’était infiltrée dans notre vie, elle n’en est pas sortie et elle n’en sortira jamais, parce qu’il sera à jamais impossible de la « désaimer » . Ce que disent ces questions toutes simples, c’est le souci de continuer à veiller l’un sur l’autre et à se souhaiter le meilleur.

J’aime follement cette chanson parce qu’elle exprime à la fois un chagrin violent, amer, inconsolable, dont on a l’impression qu’on ne se remettra jamais, et un amour bienveillant, attentif, tendre et généreux. Le tout sur un impeccable rythme pop et dansant, avec une voix chaude, mais lasse et brisée.

Benjamin Biolay offre une chanson absolument parfaite, et l’écouter me donne juste envie de danser les yeux baignés de larmes.

C’était « il y a un an, y’a un siècle, y’a une éternité. »

« Comment est ta peine ?

La mienne s’en vient, s’en va

La mienne s’en vient, s’en va. »

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