Cette chanson magique, l’une de mes chansons préférées de Léo Ferré, raconte l’histoire d’une vie à travers le parcours d’un grand bateau à voiles, « farci de contrebande et bourré d’espagnols » , qui s’en va traverser l’Atlantique, suscitant l’admiration et les fantasmes autour de lui, et qui, à la fin de son voyage, invite les autres à s’engager à corps perdu dans l’aventure de la vie (« J’te dirai, mon ami, à ton tour… »).
J’ai découvert « Le bateau espagnol » dans cette version en concert (au TLP Déjazet), et je l’aime tellement que depuis je l’ai à peine écoutée dans la version studio.
Tout est fantastique ici: la mélodie, l’accompagnement tonique au piano, la voix (à 72 ans, Ferré est un peu en bout de course, mais il a encore de beaux restes, et même les moments où sa voix est un peu poussée et hésitante sont émouvants), l’alternance entre les couplets décidés et les refrains doux et paisibles…
Et puis par dessus tout, je suis bouleversé par ces quelques vers, le dernier surtout, que je me répète souvent « quand ça tangue un peu trop » (clin d’oeil aux fans d’un certain chanteur auvergnat):
« Qu’il est est long, le chemin d’Amérique,
qu’il est est long, le chemin de l’amour
Le bonheur, ça vient toujours après la peine »