Jean Mouton (de son vrai nom Jean de Hollingue) était un prêtre, chanteur et surtout compositeur français, qui a vécu et composé à la fin du XVème siècle et au début du XVIème.
Ce n’était pas précisément ce qu’on appelle un révolutionnaire ou un anarchiste: il était l’un des musiciens les plus influents de la cour de France, qu’il a servi scrupuleusement au point qu’un historien de la musique l’a appelé le « chantre des souverains de son temps » (Louis VII, François Ier, le Pape Léon X… et Anne de Bretagne, alors reine de France).
À l’instar de son ami Josquin Des Prés, que j’aime aussi beaucoup, il a composé un grand nombre d’oeuvres religieuses (des messes, des motets, des psaumes, des magnificats), et quelques rares chansons en français dont les titres sont remplis du « charme de l’ancien » , comme aiment à dire les agents immobiliers (par exemple « Dictes moy toutes voz pensées » ). De son vivant, ses œuvres ont été énormément jouées et appréciées en France et en Italie, et son style a été beaucoup copié.
« Anna resquiat in pace » est une messe aussi appelée « déploration sur la mort d’Anne de Bretagne » (plus tard on appellera ça un requiem). C’est une musique qui a plus de cinq siècles (elle a été écrite en 1514), mais qui me parle (ou qui me chante) comme si elle était inventée devant moi. L’élégance, la netteté et la subtilité des lignes mélodiques entrelacées (la viole de gambe, quel merveilleux instrument!), et les envolées de la voix féminine solo, en font un superbe morceau, à la fois grave et aérien.