Il y a un proverbe allemand qui dit « Vivre comme Dieu en France » , et que l’on pourrait traduire aussi par « Être heureux comme Dieu en France » . C’est à peu près ce qu’exprime cette chanson, à la fois nostalgique et amoureuse.
J’aime l’art de vivre à la française, le raffinement et la subtilité de notre langue, de notre musique classique, de notre littérature, de notre peinture ou de notre gastronomie.
J’aime aussi la variété de nos paysages, le bassin minier de mes grands-parents, la côte d’Opale où j’allais en vacances avec eux, la vue sur le Vercors depuis la fenêtre de ma chambre d’enfant, la Provence où vit mon meilleur ami, les calanques de Cassis, le Colorado provençal de Rustrel, les gorges du Verdon, la vallée de Chaudefour, la Bretagne et ses odeurs d’océan et ses cris de mouettes, l’île-aux-Moines où j’ai souvent fait du vélo en famille, le silence du marais poitevin, la campagne limousine où je suis installé… autant de « souvenirs familiers » qui reviennent si facilement à ma mémoire.
J’aime notre héritage architectural, les jardins du Palais-Royal, la place des Vosges, l’abbaye du Mont-Saint-Michel, les remparts de Saint-Malo, le château de Chenonceau, le vieux port de Honfleur, les ruelles de Gerberoy, de Sarlat ou de Kaysersberg, la chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe au Puy-en-Velay, le vieux Lille, la promenade des quais de Saint-Valery sur Somme, le cloître de l’abbaye de Sénanque, le jardin des Doms à Avignon, les ruines des Baux-de-Provence, le village de Roquebrune Cap-Martin accroché à la montagne…
J’aime le french flair de l’essai du siècle, le jeu audacieux et romantique du carré magique, le souvenir de Séville 82, le coup de casque de Basilou un soir de mai 1993, le sourire rayonnant de Yannick Noah à Roland-Garros en 1983…
J’aime aussi, pour parler un peu de politique, le fait que dans ce pays ma fille ait à peu près les mêmes possibilités, et en tous cas les mêmes droits que mon fils. Le fait que quoi qu’on en dise, nous vivons dans un pays tolérant et accueillant, où on est à peu près libre de penser, de vivre ou de s’aimer comme on veut, de croire ou de ne pas croire dans le dieu qu’on veut. Le système politique et social français a de nombreux côtés scandaleux, mais à mon avis, le dénoncer en parlant de « dictature » , de « totalitarisme » ou de « fascisme » , c’est une insulte à celles et ceux qui ont subi et qui subissent encore réellement ces fléaux.
Pour ces différentes raisons, j’aime bien cette chanson, avec sa jolie mélodie tranquille et joyeuse.
Alors bien sûr, la France qu’elle décrit sent un peu la naphtaline, c’est la France rurale de grand-papi, et elle n’avait pas que des côtés réjouissants, loin de là. Certes. Mais je lui trouve du charme, et à bien des égards bien plus de charme que ce qu’elle est en train de devenir.
« Douce France,
cher pays de mon enfance,
bercée de tendre insouciance,
je t’ai gardée dans mon cœur.
Mon village,
au clocher, aux maisons sages,
où les enfants de mon âge
ont partagé mon bonheur. »