Paru en 1994 sur l’album « Cannibale » , cette chanson est un bonbon sucré et acidulé qui illustre ce que peut donner de mieux la pop à la française, ambitieuse, mais néanmoins dansante et joyeuse. D’ailleurs le titre fait référence à Brian Wilson des Beach Boys, pour qui Dalcan a visiblement une si grande admiration qu’il en parle comme d’un « double » ou un « frère » .
Cette chanson décrit le dilemme ou le combat intérieur d’un artiste en mal de succès et en proie aux conseils de son manager, qui veut l’envoyer sur les rails d’un succès assuré: pour « franchir les hit-parades » , il suffit de « composer des chansons faciles » avec « un zeste de cliché et le tour est joué » – cela permet en outre de multiplier les conquêtes, puisque c’est bien connu, « toutes les femmes se donnent aux prétendants / au strass, aux paillettes, à l’argent » .
Mais face à ce manager ou à cette voix qui tirent vers le bas et qui invitent à dire « Adieu et bon vent madame Intégrité » , Dominique Dalcan affirme une forte exigence à la fois artistique et morale: « Non, pas question / Je suis sûr d’avoir raison / Je veux être un artisan / dans l’industrie du sentiment » .
Si cette chanson m’a marqué, au point que je l’ai beaucoup écoutée, et plus encore chantonnée, ce n’est pas tant pour ce dialogue que pour les deux derniers vers du refrain, qui disent simplement et superbement que la vie est courte, et qu’il est plus que temps de vivre avec un peu plus d’intensité que ce dont on a pris l’habitude:
« Je n’ai plus le temps
de vous expliquer précisément
Ce que je veux aujourd’hui,
c’est m’éloigner du pourquoi, du comment
À toi mon double, toi mon frère
de dissiper mes angoisses passagères
Je n’ai de temps désormais
que pour essayer de vivre autrement »