Renaud Papillon Paravel – « Moi je »

Il y a quelques mois, pour le jour 80 de cette playlist, j’avais partagé un superbe morceau de ce chanteur méconnu, « Mon petit élément » , hymne tendre et ému à l’enfant intérieur dont le coeur continue à battre au creux de nous, quels que soient notre âge et les airs de sérieux et d’importance que l’on veut se donner. Ce titre était passé quasiment inaperçu, et pour être honnête ça m’avait un peu attristé, alors je profite de cette autre partage pour mettre en commentaire le lien vers mon post de janvier. Cette session de rattrapage va peut-être permettre quelques découvertes ? Qui sait.

« Moi je » est issu du même album au drôle de titre, « Subliminable » (2004).

D’une certaine manière, il s’agit encore d’introspection, mais beaucoup plus dérangeante, puisque Renaud Paravel explore ici les raisons qui nous font rester de marbre même lorsque nous sommes confrontés à la détresse humaine – en l’occurrence à un homme « cassé en deux » , « un homme qui ne dit rien, un homme trop malheureux » , qui vit dans la rue, au milieu des cartons, avec un chien qui lui sert de « fils à la con » , et le vin pour copain.

Mine de rien, c’est une réflexion subtile et sensible sur ce qu’est la morale, cet ensemble de règles qui nous enjoignent à faire ce que nous devons faire (ouvrir les bouteilles qui ont été lancées à la mer, lire les messages qu’elles contiennent, aller vers celles et ceux qui les ont écrits, et leur « tendre la main« ) , que ça nous plaise ou pas, que nous ayons envie ou pas, simplement par devoir et parce qu’il y a des choses (par exemple détourner le regard) qui ne se font pas.

Renaud Papillon dit cela humblement, sans donner de leçons à quiconque, puisque le coeur sec qu’il coince dans des retranchements pour lui mettre son insensibilité sous le nez, et qu’il essaye de réveiller et d’attendrir, c’est aussi le sien.

Quand j’étais jeune adulte, j’aimais bien Friedrich Nietzsche et notamment les aphorismes de « Humain trop humain » . Aujourd’hui je crois qu’on n’est jamais trop humain.

« Le message dans la bouteille disait

«Tous les jours sont pareils,

Tous les jours sont tous pires que la veille, (…)

Je suis trop loin du soleil»

Et moi… et moi…

Est-ce que j’attends d’avoir un autre bras

pour tendre la main ?

C’est toujours des «moi je…», des «moi je…», des «moi je…» »

Et moi… et moi je ne fais rien.

Moi je dis «Quelqu’un ira vers lui demain». »

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