6 kilos de petits pois… et le travail en amont

Le petit pois est l’un de mes légumes préférés, au jardin comme dans l’assiette.

Il est plus précoce que les légumes d’été, délicieux, riche en protéines végétales.

La culture est réputée pas simple, car il est vulnérable à la sécheresse, les oiseaux aiment beaucoup les jeunes pousses… Pour ma part je trouve qu’une fois que les graines sont sorties et que les tiges sont bien parties, ça pousse tout seul, même sans buttage. Deux conseils cependant si vous voulez essayer cette culture:

– Le petit pois est une plante grimpante qui trouve toute seul son chemin vers le haut, mais il faut installer les supports de culture (tuteurs, grillages…) AVANT de semer, et en tous cas avant la levée, car les tiges sont fragiles et cassent facilement si on essaye de les tordre.

– Ecarter suffisamment les rangs, sans quoi la récolte est vraiment complexe (surtout si les supports ne sont pas assez hauts)

[Les variétés que j’ai semées cette année viennent de Biaugerme: le pois serpette vert à rames pour les grimpants, et le merveille de Kelvedon pour les nains]

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La première photo, ci-dessous, c’est ma récolte d’hier midi: 6 kilos tout pile.

La photo du bas, c’est ce qu’il reste une fois ces petits pois écossés: 2,3 kilos.

Inutile de cacher que je suis franchement fier de mon travail, d’autant plus que ces petits pois sont succulents 😋😎

Mais ça m’a coûté du temps: 1 heure de récolte, et environ 4 heures d’écossage en tout. Sans compter la préparation du terrain, l’installation du grillage et des piquets, le semis, un peu d’arrosage…

Je fais cette précision parce que j’ai l’impression que très, très peu de gens se rendent compte de la quantité de boulot qu’il faut abattre pour produire ne serait-ce qu’une partie minime de la nourriture annuelle d’une seule personne. Pour nourrir totalement en légumes une famille de quatre personnes (ce qui suppose compostage, préparation du terrain, semis, repiquage, arrosage, binage, désherbage, cueillette, conservation des surplus…), cette quantité de travail explose. Et s’il faut en plus produire des céréales, des lentilles et des oléagineuses pour l’huile de table, s’occuper de poules pour avoir des oeufs…

Je réfléchissais à tout ça pendant que je cueillais et que j’écossais ces petits pois.

Depuis que je vis à la campagne et que je fais mon jardin, à une échelle encore modeste, je touche du doigt de façon très concrète (et donc bien plus aiguë) l’extrême fragilité de nos systèmes alimentaires. Sans pétrole, pas d’engrais phosphatés, ni d’engins agricoles (tracteurs, moissonneuses-batteuses…), ni de semi-remorques sur les autoroutes, donc pas d’agriculture industrielle, pas de rendements x10 ou x20 par rapport au début du XXème siècle, pas de circuits longs de distribution en direction des villes.

Est-on prêt pour encaisser les conséquences de la descente énergétique (et du changement climatique, et de l’effondrement de la biodiversité, etc.) sur les systèmes alimentaires? A-t-on conscience de la quantité de travail phénoménale qu’il faudra pour nourrir le monde sans pétrole? Clairement non.

Dans quelques années, si vous voulez manger des petits pois, il faudra que vous les produisiez vous-même (avec tout le travail que ça implique), ou qu’il y ait sur votre territoire des producteurs qui en produisent, en circuits hyper-courts.

Alors bien sûr vous pourrez facilement vous passer de petits pois, de framboises ou de tomates. Mais de blé? De pommes de terre? D’huile?

Plus les années passent, plus j’ai envie de rendre hommage au travail de celles et ceux qui agissent pour améliorer la résilience alimentaire des territoires: des associations comme Les Greniers d’Abondance, des lanceurs d’alerte comme Stéphane Linou, des expérimentateurs comme pierre1911.fr, des formateurs à l’autonomie alimentaire comme Prise de Terre, des fermes comme la Ferme collective de la Tournerie… Merci à vous.

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