William Sheller – « Simplement »

Cette chanson est sortie en 1984 sur l’album le plus court que je connaisse (seulement six titres et vingt minutes!). À l’époque, le son était très années 80, avec un piano et une boîte à rythmes assez froids, et comme souvent chez « Symphoman » (puisque c’est ainsi que William Sheller s’est lui-même surnommé), d’amples arrangements de cordes.

Comme beaucoup de chansons de Sheller, celle-ci est d’une grande beauté sur le plan mélodique, avec une alternance entre des couplets parlés qui font lentement monter la tension et un refrain qui s’immisce en douceur dans la mémoire – en tous cas dans la mienne.

Musicalement j’aime assez l’original, mais je préfère largement cette version en concert à l’Olympia en 1984, bien plus dépouillée et émouvante, avec l’accompagnement du Quatuor Halvenalf.

Je regrette qu’il n’en figure pas une version en piano-voix dans l’album « Sheller en solitaire » , car je suis certain qu’elle m’aurait touché bien plus encore. J’imagine la merveille que ça aurait pu devenir!

Si j’aime beaucoup cette chanson, c’est en grande partie grâce à son texte simple et poignant.

Sheller commence par confesser humblement son sentiment de solitude (« Encore un jour tout seul« ) , sa difficulté à communiquer (« Tu vois, j’ai jamais su / tell’ment parler aux gens« ) , son manque de relations humaines nourrissantes (« J’suis qu’un mec qui traîne / auquel on tourne le dos« ) , tout cela débouchant sur un mal-être lancinant (« tout fout l’camp » , « J’suis mal dans ma peau / J’ai un peu froid dans l’dos« ) , sur l’impression de passer à côté de sa vie et de s’enfoncer petit à petit (« Lent’ment, douc’ment / je coule comme un bateau« ). Ces mots me touchent parce que c’est l’état d’esprit que j’ai très longtemps eu par défaut – je veux dire que c’est la pente sur laquelle je glissais à la moindre difficulté ou contrariété, avec l’impression récurrente que la vie n’était pas faite pour moi, ou en tous cas que je n’étais pas fait pour la vie.

Mais les refrains chantés sont, quant à eux, remplis d’espoir, d’un espoir offert par une rencontre lumineuse qui permet d’imaginer un tout autre avenir, un tout autre quotidien, paisible et joyeux. Presque vingt ans avant « Un homme heureux » , William Sheller était déjà maître dans l’art de décrire cette quête un peu mélancolique d’une vie plus belle. Il montre, simplement, tranquillement, un chemin que j’ai envie de suivre.

« Mais si j’avais l’temps

d’m’écouter davantage,

ou si j’avais les mots qu’il faut

pour accrocher les images

J’te dirais simplement

en te regardant,

j’aurais presque l’envie de te suivre

Tranquillement,

même pour un instant,

je s’rais peut-être heureux

de te voir vivre »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *