Après six albums accueillis favorablement par la critique, mais pas très bien vendus, « No man’s land » , sorti en 1978, apporte enfin le succès à Jacques Higelin, notamment pour cette chanson, qui sera son premier 45T à entrer dans ce qu’on appelait à l’époque le « hit-parade » (rien que le mot file un putain de coup de vieux).
« Pars » est une magnifique chanson sur l’amour généreux, qui ne veut pas garder l’autre pour soi, mais qui l’aime à tel point qu’il l’encourage à vivre sa vie, quitte à ce que ce soit ailleurs et, peut-être, avec quelqu’un d’autre. C’est une chanson d’adieu déchirante (ah, ces plaintes de l’accordéon), mais lumineuse.
Ce que je trouve le plus touchant, dans cette chanson, c’est le fait que Jacques Higelin ne fasse pas semblant d’être détaché, et qu’il ne cache ni sa peine, ni son désir ardent de retrouver l’autre un jour (« Et surtout, reviens moi… vite! » ).
Ressentir ce désir dans toute son intensité est souvent vu comme le signe qu’on est encore englué dans l’histoire d’amour précédente, et qu’on n’est pas prêt à s’engager dans une nouvelle. Il y a sans doute du vrai là-dedans, mais c’est peut-être aussi la condition sine qua non pour bien prendre la mesure de son besoin d’affection, et donc pour décider de faire le nécessaire afin de rencontrer une autre personne qui le satisfera d’une autre manière – et qui sait, peut-être même mieux ?
En la matière, ça fait un bout de temps que je crois qu’il n’y a pas de règle: je verrai bien ce que l’avenir me réserve.
« Pars, surtout ne te retourne pas
Pars, fais ce que tu dois faire sans moi
Quoi qu’il arrive je serai toujours avec toi
Alors pars et surtout ne te retourne pas »