De la variété française des années 80, à mon goût il ne reste pas grand chose qui tienne la route. Gold, Jeanne Mas, Desireless, Jean-Pierre Mader, Rose Laurens, c’est toute une époque, c’est ma jeune adolescence, et quand j’entends ici ou là une de leurs chansons je peux me laisser gagner par la nostalgie, mais je trouve ça bien pauvre. Quand j’entends la formule « la musique des années 80 » , pour moi cela évoque de tous autres univers (les Smiths, Cure, Police, U2, Peter Gabriel, Bruce Springsteen, Simple minds…)
Mais il y a de jolies exceptions, comme par exemple cette chanson sensuelle que j’aime toujours écouter.
Niagara était un duo originaire de Rennes, où la scène pop-rock était alors très foisonnante (avec notamment le groupe Marc Seberg). Il a d’abord proposé un premier album de pop légère et charmante (« Baoum, cha cha cha » ) , comme j’appréciais beaucoup à l’époque (« Quand la ville dort » , « Tchiki boum » , « L’amour à la plage » …), avant de s’orienter vers des sonorités plus rock et des textes plus sombres.
Dans ses deux périodes, les chansons de Niagara sont très entraînantes, avec des arrangements soignés et variés (par exemple j’aime beaucoup les petits tintements subtils qui apparaissent à 1’20 sur cette chanson), des mélodies vaporeuses et prenantes, des clips originaux, et des textes plus riches et subtils que ce qu’on entendait dans la variété française de l’époque, notamment à partir du deuxième album (« Pendant que les champs brûlent, / j’attends que mes larmes viennent » , ces quelques mots seraient une bonne illustration de la #solastagie).
Parmi les raisons qui faisaient que j’aimais bien Niagara, il y avait aussi, impossible de le nier, sa chanteuse ultra-canon et sexy, la flamboyante rousse Muriel Moreno. Pour le garçon de seize ans que j’étais quand la chanson est sortie, c’était le genre d’arguments qui attiraient pas mal mon attention. Sur « Je dois m’en aller » , Muriel évoquait des envies de « fessées de velours » , sur « Tchiki boum » elle aguichait avec une voix et un air des plus coquins (« Et de toi je ferai ce que je voudrais » )… Je crois en effet que je n’aurais pas opposé beaucoup de résistance 😉
« Et pourquoi je l’ignore,
mes larmes s’évaporent »