Après la parentalité heureuse, affectueuse et nostalgique hier, aujourd’hui c’est un versant beaucoup plus sombre.
Je ne connais pas de chanson plus impitoyable que « Reel around the fountain » pour témoigner des manquements de ses parents. Pas besoin de reproches, d’accusations ou d’insultes, il suffit de dire: « Voyez ce que vous avez fait de moi » .
Je connais peu de parents qui sont capables d’encaisser avec humilité un tel retour de la part de leurs enfants, et de faire ce qu’ils peuvent pour réparer les torts et les douleurs qu’ils ont causés à cause de leur manque d’empathie, d’attention ou de contrôle de leurs émotions et/ou de leurs gestes.
La plupart se protègent et se rassurent en rétorquant qu’il y a bien pire qu’eux. Mais peut-être est-ce justement cela le pire du pire: banaliser, rationaliser, minimiser la maltraitance ordinaire et la souffrance dont témoigne son propre enfant. C’est quelque chose que je n’ai jamais admis et que je n’admettrai jamais. Ne pas être en empathie avec la souffrance d’un enfant qu’on a soi-même mis au monde, pour moi c’est plus qu’une faute, c’est une honte.
« People see no worth in you / Oh, but I do » : ces mots m’ont poursuivi longtemps. Je prie pour que mes enfants n’aient pas à penser cela de moi, et pour avoir l’honnêteté et le courage, si c’est le cas, de réparer ce qui peut l’être.
« It’s time the tale were told
of how you took a child,
and you made him old »
Fifteen minutes with you,
oh, I wouldn’t say no
Oh, people see no worth in you
Oh, but I do. »