Cette chanson est l’une de celles qui m’émeuvent le plus, et sans en être tout à fait sûr, je crois que s’il n’en fallait garder qu’une seule, ce serait celle-là – c’est pourquoi je clôture avec elle cette playlist quotidienne d’une année.
C’est une chanson qui parle de la tentation d’aller chercher ailleurs une herbe plus verte, un amour plus intense et vibrant, un cadre de vie plus agréable ou plus résilient, des amis plus chaleureux, avec l’espoir que le bonheur sera au rendez-vous.
Ce que nous glisse à l’oreille Gérard Manset (pourtant un grand amoureux du voyage), c’est que la fuite éperdue en direction du bonheur pourrait bien être cela même qui nous en éloigne: peut-être que tout est déjà là, et qu’il suffirait de se baisser pour le cueillir, ou pour simplement le caresser, ce qui serait déjà appréciable.
Cette chanson résume l’histoire de ma vie.
J’ai longtemps eu énormément de mal à m’attacher, et je fantasmais sur le fait que je serais mieux seul. Chaque pas « pour [me] détacher de toi, coûte que coûte » … me coûtait, bien évidemment. Mais je les faisais quand même, de façon plus ou moins compulsive. Et le résultat est que même entouré de plus d’amour que j’aurais pu en espérer, je me sentais souvent « comme un arbre mort » , les branches penchées, un frisson à travers l’échine. Combien de fois ai-je vécu cette affreuse scène où « chacun se regarde, chacun se tait » ?
Aujourd’hui, la phrase qui me touche le plus dans cette chanson, c’est « Que veux-tu de plus que tu n’as pas? » C’est bien simple: aujourd’hui je veux du lien, des liens. C’est simple et clair comme de l’eau de roche, aussi simple et clair que la neige est blanche.
C’est ce qu’exprime ce texte, d’une simplicité et d’une limpidité splendides, et que je recopie en entier.
« À force de se regarder,
ne pas comprendre, ne pas s’aimer,
vraiment, le temps nous est compté,
vraiment, le temps nous est compté
Alors, puisque le mal est fait,
le trou grandit, le lit défait,
chacun se regarde, chacun se tait,
chacun se regarde, chacun se tait
C’est un homme dont le corps se penche
Comme un arbre mort, il tend ses branches
Mais le froid est là, la neige est blanche
Mais le froid est là, la neige est blanche
La neige est blanche
Le froid est là, la neige est blanche
Il s’en va demain,
continue sa route
Tout le long de son chemin,
chaque pas lui coûte
pour se détacher de toi, coûte que coûte,
pour se détacher de toi, coûte que coûte
C’est un homme dont le corps se penche
Comme un arbre mort, il tend ses branches
Mais le froid est là, la neige est blanche
Mais le froid est là, la neige est blanche
La neige est blanche
Le froid est là, la neige est blanche
Toi qui nous quittes pour ce pays là,
où tu dis que les gens sont beaux,
que veux-tu de plus que tu n’as pas?
Que veux-tu de plus que tu n’as pas?
C’est un homme dont le corps se penche
Comme un arbre mort, il tend ses branches
Mais le froid est là, la neige est blanche
Mais le froid est là, la neige est blanche
La neige est blanche »