« L’adieu aux insectes? »

Relayé par l’excellente association Les Greniers d’Abondance (dont je fais partie), cet article de Vincent Albouy, naturaliste et expert reconnu sur le rôle essentiel des insectes pour l’agriculture et le jardinage, est absolument glaçant.
Fondé sur son témoignage personnel et sur l’analyse de recherches scientifiques, il montre que l’agriculture moderne, celle qui arrache des haies et qui assèche des zones humides, celle qui utilise dans des quantités gigantesques toutes sortes de produits dont le nom finit par « cide » (ce qui signifie « tuer », comme dans « homicide » ou « génocide »), eh bien cette agriculture là, elle sème la mort, tout simplement. La mort à petit feu, mais la mort quand même. Pour les insectes d’abord, puis pour toutes les chaînes du vivant (oiseaux, batraciens, reptiles, mammifères…).

Spoiler: l’humain fait partie du vivant. Donc il fait partie des victimes de ce modèle agricole qui sème la mort.

[Bien entendu, je ne dis pas, et les écologistes ne disent pas que ce sont les agriculteurs qui sèment la mort: ce qui est en cause, c’est un modèle agricole, industriel et productiviste à outrance, celui qui est défendu par la FNSEA et par l’industrie agro-alimentaire, et qui maintient les agriculteurs en dépendance. Mais nous avons évidemment besoin de l’agriculture paysanne, celle qui nourrit de façon respectueuse du vivant, et donc de façon durable.]

Extraits de l’article « L’adieu aux insectes? » :

« Très Longtemps, les effets que pouvaient avoir certaines pratiques agricoles sur la biodiversité, en particulier la destruction des habitats de la faune et les pollutions aux pesticides, n’ont été ni considérés ni évalués. Aujourd’hui de nombreux témoignages rapportent un effondrement des populations d’insectes dans les zones rurales, et suffisamment d’études scientifiques le confirment.

👉 Pourquoi une telle situation ? Les causes en sont certainement multiples. Mais selon moi, la principale est l’empoisonnement des milieux par des molécules chimiques de synthèse, herbicide et insecticide principalement, certaines à longue durée de vie, pouvant circuler dans l’air, l’eau ou par les animaux.
En particulier l’emploi de médicaments vétérinaires ou de produits de traitement des forêts à base de molécules de la classe des néonicotinoïdes ou des avermectines, toxiques à des doses infinitésimales pour les invertébrés terrestres et aquatiques, certaines systémiques passant dans la sève des plantes, ainsi que l’obligation de traitement du bétail, des locaux l’abritant et de leurs environs avec des pesticides très toxiques comme les pyréthrinoïdes et les néonicotinoïdes pour lutter contre le varron ou la fièvre catarrhale ovine, sont pour une bonne part responsables de cette situation.
Ces molécules circulent, notamment dans les bouses et crottins, passent dans le sol puis parfois dans la végétation et leurs effets se font sentir partout où vaque le bétail.

En résumé, longtemps les zones de cultures intensives labourées, à faible biodiversité, ont contrasté avec les zones d’élevage extensif, de boisement ou de déprise agricole non labourées à forte biodiversité. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, la biodiversité s’est effondrée partout. Toutes les espèces ou presque se rencontrent encore, mais le nombre d’individus a dramatiquement décru. Cette situation est due principalement à la généralisation de pratiques agricoles ou para-agricoles qui ne sont jugées par les professionnels concernés et les pouvoirs publics qu’à l’aune de leurs avantages à court terme, sans prendre en compte, ou trop tard, leurs inconvénients à long terme.

Des doutes sur ces faits sont artificiellement entretenus comme ils l’ont été autrefois à propos de l’estimation de l’ampleur et des causes du réchauffement climatique.
« 

Comme je ne cesse de le répéter sur ce réseau, dans mes cours, mes livres, mes conférences ou mes formations, la généralisation de l’agro-écologie et de la permaculture ne sont pas une lubie ou une mode pour bobos citadins en quête de sens: c’est une question de survie pour l’Humanité.

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