Manasobu Fukuoka et « l’agriculture du non agir »

L’une de mes phrases préférées de Masanobu Fukuoka, qui est l’un des grands inspirateurs de la permaculture, notamment pour avoir défini ce qu’il appelle l’« agriculture du non agir » .

« Les êtres humains font quelque chose de mal avec leurs tripatouillages, et quand les résultats défavorables s’accumulent, ils travaillent de toutes leurs forces à les réparer. Quand ces actions rectificatives paraissent réussies, ils en viennent à prendre ces mesures pour de splendides réalisations. Les gens font cela et le refont encore. C’est comme si un fou allait casser les tuiles de son toit en y marchant lourdement. Puis quand il commence à pleuvoir et que le plafond commence à pourrir, il monte à la hâte réparer le dommage, se réjouissant à la fin d’avoir trouvé la solution miracle » (« La révolution d’un seul brin de paille » ).

Attention à ne pas mal interpréter ce principe : le non agir, ce n’est pas ne rien faire !
C’est seulement un état d’esprit qui consiste à penser que le non agir prime sur l’agir : avant d’agir, on doit s’assurer que c’est bien nécessaire et qu’il ne vaut pas mieux ne rien faire du tout, faire confiance à la nature, ou en tous cas se contenter d’aider la nature à faire, « surfer » en quelque sorte sur des processus naturels qui se déroulent indépendamment de nous, et dont nous pouvons profiter avec souplesse. Mais si on constate qu’il est préférable d’agir, alors bien entendu agissons !

Ce simple exemple montre à lui seul que la permaculture est une philosophie de vie qui trouve à s’exprimer bien au-delà du jardinage, et qui peut nous amener à nous poser des questions fertiles.

La plupart des « solutions » qu’on nous vend pour faire face à la crise écologique ne font que corriger de façon très imparfaite un système qui est intrinsèquement foireux. Ce faisant elles empêchent de mettre en œuvre les VRAIES solutions, qui sont presque toujours fondées sur le lowtech, la sobriété et le bon sens.
Exemples:
– la compensation carbone, la géoingénierie ou la voiture électrique, plutôt que la baisse massive des besoins en énergie (donc de la consommation, des déplacements…)
– la machine à dessécher les déchets verts plutôt que le lombricompost.
– la bouteille en amidon biodégradable plutôt que le réemploi des bouteilles en verre déjà existantes.

De quoi a-t-on besoin? De continuer le délire et le désastre en le camouflant en verdâtre? Ou de changer radicalement de modèle?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *