Puisque dans cette campagne électorale tout le monde évoque l’écologie à sa sauce, de façon souvent éhontée à mon avis, un petit point sur les principaux positionnements éthiques dont on peut se réclamer pour en parler.
En éthique écologique on a coutume de dire qu’il y a 2 grands pôles (anthopocentrisme et biocentrisme), qui ne sont pas homogènes.
(1) D’un côté, des philosophes estiment que la nature et les êtres vivants ont une valeur intrinsèque, avec 2 grandes variantes:
(a) L’éthique biocentrée accorde une valeur égale à tous les êtres vivants individuels. Elle défend le droit à la vie non seulement des espèces vivantes (le rhinocéros blanc), mais de CHAQUE représentant individuel de chaque espèce vivante (par exemple cette vache Marguerite) – notamment en vertu de sa capacité à ressentir.
(b) L’éthique écocentrée pose que ce qui a une valeur morale, c’est la « COMMUNAUTÉ BIOTIQUE », c’est-à-dire l’ensemble des êtres vivants qui peuplent les écosystèmes et la biosphère (ou la « Création », si on est croyant). L’important est alors de préserver dans la nature assez de diversité et de stabilité – quitte à sacrifier certains individus.
(2) De l’autre côté, les défenseurs d’une éthique « anthropocentrée » sont divisés en deux groupes:
(c) L’anthropocentrisme fort considère que l’être humain peut exploiter la nature à sa guise, car il est le seul à avoir une valeur morale. Cette position correspond à ce que Richard Routley a appelé le « chauvinisme humain ».
C’est la position d’un agriculteur conventionnel qui zigouille tous les êtres vivants d’un champ sauf une seule espèce de plante (ou qui élève des poulets sur l’équivalent d’une feuille A4 et dans des conditions épouvantables), ou d’un industriel qui dévaste un écosystème tout entier pour aller chercher des minerais dans le sous-sol…
NB. C’est aussi, implicitement, la position d’un individu qui consomme des produits qui venant de ce type de modèle industriel.
> Soyons clair: l’anthropocentrisme fort est la position éthique « par défaut » de la modernité occidentale.
(d) Enfin, l’anthropocentrisme faible (ou élargi) estime que l’être humain est supérieur sur le plan moral, mais appelle à protéger la nature pour des raisons pragmatiques ou utilitaristes, parce que les humains y ont intérêt.
Cette position éthique est aujourd’hui de plus en plus partagée, notamment parmi les dirigeants politiques ou économiques qui s’intéressent à l’écologie – par exemple, les 12 candidats à l’élection présidentielle la partagent peu ou prou.
Ceci étant posé, on peut maintenant observer et analyser les engagements des différents candidats en faveur de l’écologie:
– que proposent-ils?
– pour atteindre quels buts?
– et plus fondamentalement, au nom de quoi et de qui en parlent-ils?