Van Halen – « Jump »

Pour un écolo de longue date comme moi, et plus encore pour quelqu’un qui est depuis longtemps convaincu que la décroissance est inéluctable ET impérativement nécessaire, l’actualité du football professionnel (les transferts et les salaires astronomiques et indécents, la conférence de presse honteuse de Killian Mbappé et de Christophe Galtier, la perspective obscène d’une Coupe du monde dans un charnier climatisé…), ça donne franchement envie de dégueuler.

De ce fait, pour quelqu’un comme moi, dire publiquement que j’aime le foot, c’est en train de devenir une sorte de coming out, que beaucoup lisent ou entendent avec un certain effarement, voire en se pinçant le nez.

Et pourtant, c’est et ça reste le cas.

Bien sûr, je porte un regard extrêmement critique sur ce barnum écoeurant qu’est devenu le foot professionnel, dans lequel c’est le fric qui décide du résultat des matches, des palmarès et des qualifications en coupe d’Europe, dans lequel « seul le résultat compte » et « l’important c’est les trois points » , dans lequel les joueurs sont des adultes surpayés mais infantiles et machos, qui sont dressés à tenter de gagner quel qu’en soit le prix, quitte à tricher et à simuler en permanence, quitte à gueuler sur l’arbitre à la moindre contrariété, quitte à développer un jeu minimaliste et exaspérant (coucou Deschamps, quelle honte d’être fier d’avoir gagné une coupe du monde en faisant volontairement mal jouer son équipe)…

J’ai bien conscience de tout ça. Et vous savez quoi, j’en suis sans doute bien plus conscient que la plupart des gens qui ne regardent jamais de foot, parce que je sais de quoi il retourne.

Mais parce que pour moi le foot a le parfum de l’enfance, des parties dans la cour d’école et des moments de rapprochement avec mes deux grands-pères (l’un qui écoutait tous les multiplex de première division le transistor collé sur l’oreille, l’autre qui nous apportait L’Équipe quand il venait nous voir), j’apprécie toujours, une fois de temps en temps, et spécialement quand je suis avec mon garçon et/ou mon petit frère, le spectacle d’un beau match de foot, avec des tactiques audacieuses, des gestes techniques de classe, des actions collectives réglées comme du papier à musique, des buts venus d’ailleurs, des ambiances torrides, des manitas et des remontadas collées par le Barça (« Mes que un club! » ) au Real et au QSG, des « You’ll never walk alone » entonnés avec ferveur par tout Anfield…

Bref, le foot est l’un des plaisirs que je m’accorde de temps en temps, quand bien même beaucoup de mes amis jugent ça honteux.

C’est comme ça.

Si je partage ce soir cette chanson, c’est parce que pour moi c’est un titre de circonstance, le soir où l’OM, retrouve la Ligue des Champions.

Pendant la saison 1986-1987 du championnat de France de foot (qui s’appelait alors la « première division »), l’équipe d’animation du stade vélodrome de Marseille cherchait à mettre de l’ambiance dans le stade à l’entrée des joueurs. L’un des membres du groupe de supporters travaillait à la radio et il a pensé à ce titre, qui cartonnait alors. Et apparemment, ça a marché tout de suite.

À l’époque j’étais ado, je m’intéressais beaucoup au foot et j’étais en train de devenir fan de l’OM qui, « grâce » à l’argent sale et aux entourloupes diverses et variées de Bernard Tapie, commençait à faire venir des super joueurs (notamment mes chouchous Abédi Pelé, Enzo Francescoli, Éric Cantona, Chris Waddle et JPP), constituant ainsi une équipe de stars qui roulait sur la France, et notamment sur Paris (c’était le bon temps…). À l’époque je ne me rendais pas compte de ce qui se passait en coulisses, car tout ce qui comptait pour moi, c’était le jeu, les dribbles, les passes et les buts, les trophées, et par dessus tout l’ambiance bouillante du Vél.

Et c’est comme ça que je me suis retrouvé à entendre très souvent cette chanson, assez balourde j’en conviens, mais que je continue à bien aimer parce que dans mon esprit elle est associée à deux instants à jamais inoubliables pour tout supporter de l’OM qui se respecte: deux coups de casques monumentaux de Basile Boli, l’un contre le grand Milan à Munich, le 26 mai 1993 (« À jamais les premiers » ), et l’autre contre le PSG, trois jours plus tard, pour plier le cinquième titre de champion de France de suite.

Jump!

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