Il n’y a pas beaucoup d’enregistrements en concert qui m’ont marqué autant que ce « Live! in Atlanta ». Bien avant qu’il sorte en album, il avait été diffusé un soir par France-Inter, et je l’avais enregistré sur une K7 – on y entendait donc, presque à la fin de cette chanson, les bips qui marquaient le passage de minuit. Et encore aujourd’hui, quand j’écoute l’album en version CD, mon cerveau « entend » ces bips alors qu’ils n’y figurent pas! C’est une expérience étonnante, et à bien y réfléchir assez vertigineuse, sur la façon dont se construit la mémoire, par lentes couches sédimentées, et sur la façon dont ce dont elle influence ce que nous percevons bien longtemps après.
Beaucoup de morceaux sont excellents sur ce live, notamment « Synchronicity II » et « Walking in your footsteps ». Mais j’adore surtout cette version embrasée de « So lonely, qui conclut le concert, pour le solo de gratte d’Andy Summers qui démarre à 2’15, et surtout pour la présentation de Stewart Copeland, qui se réincarne en pieuvre à 4’48 pour taper sur tous ses fûts en même temps – hallucinant.
Un soir d’été, redescendant en vélo de la colline du Mûrier, à une demi-heure en vélo au-dessus de chez mes parents, avec un ami batteur qui était tout aussi fan de Police que moi, nous nous sommes mis à chanter à tue-tête les « Lo lo lo » que l’on entend au milieu de cette version live. Et j’étais tellement absorbé que trompé par la pénombre, j’ai fini dans le fossé. On avait bien rigolé.
« And I can only play that part
and sit and nurse my broken heart »
[La vidéo du live ne passe pas, donc voici celle de l’album]