« The dark side of the moon » est un album si fabuleux et si parfait que dans mon « année en musique », je m’étais torturé le cerveau au moment d’en sortir un seul titre.
La fantastique face A décrit un cycle de vie complet, depuis les premiers battements de coeur et le cri primal de « Speak to me » jusqu’au chant de Clare Torry qui semble hurler à la mort sur « The great gig in the sky ».
Entre les deux il y a le temps, dont les Pink Floyd nous invitent à faire un bon usage, en tous cas un meilleur usage que celui que nous en faisons habituellement.
Eh bien c’est peu dire qu’on ne perd pas son temps en écoutant « Time ». C’est l’une des plus longues chansons de l’album (7’05), mais elle pourrait durer dix fois plus que je ne m’en lasserais pas.
Comme plusieurs fois dans cet album concept, l’introduction du morceau est étonnante, faite d’une avalanche de bruits assourdissants de cloches, de carillons et de sonneries de réveil. Ensuite arrivent une rythmique synthétique qui singe le tic-tac du temps qui s’écoule, une mélodie jouée sur un piano numérique léger, une batterie trippante aux rototoms (vous aurez remarqué les allitérations, j’espère)… et quand le morceau démarre véritablement, lancé par la voix habitée de David Gilmour, on est ballotté entre la fermeté des premiers couplets et de ce qui ressemble le plus à un refrain (soutenus par une guitare énergique), le lyrisme totalement dingue des parties planantes, l’ampleur impériale du solo de guitare électrique…
Si « Time » est un morceau génial, c’est aussi pour la manière dont il s’enchaîne avec celui qui le suit (« The great gig in the sky »), après avoir proposé un retour sur le superbe thème et le tempo lent de la deuxième chanson de l’album, « Breathe ». Ce n’est pas seulement la chanson qui tournoie, c’est toute la construction de l’album, conçu comme une œuvre à part entière, sans doute la pierre de touche du rock progressif. Et plus généralement, l’une des plus marquantes de l’histoire du rock.
« And you run, and you run, to catch up with the sun, but it’s sinking
Racing around to come up behind you again
The sun is the same in a relative way but you’re older
Shorter of breath and one day closer to death »