Deuxième album de Matthieu Chedid, « Je dis aime » est celui du strass et des paillettes, des costumes bigarrés, des textes oniriques, de la débauche de jeux de mots, des chansons fun et désinvoltes… Exactement ce qu’il faut pour agacer les partisans exclusifs de la chanson française à texte, qui selon eux ne saurait être autre chose que profonde, sérieuse, grave, austère, mais surtout pas festive, quelle horreur!
C’est le genre de posture que j’adoptais volontiers jusqu’à un passé pas si lointain, par un snobisme assez ridicule. J’avais intériorisé la conviction de mon milieu social qu’il y a des plaisirs inavouables (et même coupables!), car trop communs, pas assez distinctifs.
Heureusement pour moi, j’apprends à me débarrasser de cette croyance mutilante et à assumer plus tranquillement mon goût pour la culture populaire.
« Onde sensuelle » est une chanson très sympa à écouter, d’abord parce qu’elle claque méchamment funky, avec ces petites anicroches de guitare et cette basse qui joue à cache cache autour de la mélodie.
J’aime aussi les paroles, mélange de sensualité coquine et de romantisme. Au premier abord elles peuvent sembler un peu osées, surtout quand on sait qu’elles ont été écrites par la grand-mère de Matthieu, Andrée Chedid (« J’entends encore l’onde sensuelle / de ta bouche sur la mienne » / « Mes habits collent, faut qu’j’m’inonde » ). Mais sur les refrains, c’est l’aspiration à un amour plus profond et plus durable qui s’exprime, au-delà des élans initiaux.
Comment faire en sorte que l’onde sensuelle des débuts continue à faire vibrer les corps et à se déployer dans la vie des amoureux, bien après la déflagration dont elle est née? C’est l’éternelle question. J’espère avoir bientôt une nouvelle occasion d’y chercher une réponse.
« Mais comment t’atteindre, onde sensuelle,
toi qui me donnes des ailes?
Pourrais-je te rendre un jour éternelle,
pour nous lier jusqu’au ciel? »