Sharon Van Etten – « Your love is killing me »

Voici une chanson magnifique mais éprouvante, sur un thème très rare en musique, celui des violences conjugales.

Il y a des relations qui, toutes enchantées qu’elles aient pu être à leurs débuts, finissent par provoquer un mélange de déception, de mépris, d’effroi, de souffrance, de nausée… À ce moment-là, ou de préférence avant qu’on en arrive là, il vaut vraiment mieux couper court pour se protéger et se donner une chance de passer à autre chose, sans sortir de la relation trop écharpé(e).

Mais n’importe quelle victime de violences conjugales a expérimenté que c’est extrêmement difficile, surtout quand on a été longtemps abîmé et surtout si l’amour demeure, en dépit de tout, inexplicablement peut-être, mais enfin il persiste. Il faut dire que les agresseurs, en général, ne frappent pas au hasard. Par exemple ils choisissent souvent des cibles qu’ils sentent fragiles, dépendantes sur le plan émotionnel et affectif, et donc prêtes à endurer beaucoup en échange d’un tout petit peu d’espoir, de quelques moments d’apaisement qui leur font croire que leur homme finira par changer si elles font preuve de patience et de compréhension…

C’est tout cela ce que raconte ici Sharon van Etten.

« Your love is killing me » évoque un amour particulièrement toxique, le cycle de la violence, et la libération. Une femme décrit le mal dont elle souffre dans une relation avec un homme qui la néglige, qui la maltraite et l’écrase, et qui de surcroît jouit du pouvoir qu’il exerce sur elle et de la soumission qu’elle accepte (« You like it / when I let you walk over me » ).

Cette femme en est si fracassée qu’elle s’imagine en train de se détruire elle-même pour ne plus avoir ni à fréquenter son agresseur, ni à l’entendre, ni à lui parler, ni à le voir: « Break my legs so I won’t walk to you / Cut my tongue so I can’t talk to you / Burn my skin so I can’t feel you / Stab my eyes so I can’t see » .

Après avoir beaucoup hésité, après avoir sans doute reculé maintes et maintes fois, tétanisée par la terreur et la honte, elle finit par trouver le courage de venir confronter cet homme, de le regarder en face et de le mettre en face de ses responsabilités. Et elle se casse, enfin, en s’éloignant de lui avec un visage plus apaisé, le coeur rempli de soulagement, et sans doute aussi de fierté.

À entendre la voix puissante et coléreuse de Sharon Van Etten, et à regarder ce clip, on est franchement soulagé pour cette femme qu’elle ait pu obtenir cette délivrance.

La vie peut redémarrer.

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