Dans mon film préféré (« Journal intime » ), le personnage joué par Nanni Moretti se lance dans un voyage initiatique dans les îles éoliennes.
Un jour où il se promène seul, un carnet à la main pour prendre des notes, il tombe sur un terrain de football où un ballon a été oublié. Il semble hésiter un instant, il jette un regard en arrière pour vérifier que personne ne le regarde et qu’il peut donner libre cours à son envie… et il se précipite vers le ballon.
Commence alors une superbe danse. Nanni botte de grands coups de pied pour envoyer le « référentiel bondissant » le plus haut possible, et puis il s’amuse à le faire rebondir de la tête, et à lui courir après, et à le propulser encore vers le ciel…
Petit à petit, la caméra s’écarte et prend du recul, comme pour montrer qu’à cet instant là, le petit garçon qui sommeille en Nanni Moretti a pris les rênes, et qu’il n’y a plus au monde que lui-même, le ballon, le jeu et le plaisir.
La musique enfantine de Nicola Piovani renforce encore la merveilleuse impression qui se dégage de ce plan: il nous plonge dans l’enfance et dans tout ce qu’elle a de plus beau et émouvant, à savoir l’innocence, la capacité à être tout entier absorbé dans ce que l’on fait, et la pure joie de jouer et de créer.