Delphine Batho: « Le cœur de la crise de l’écologie politique est l’absence de rupture avec le dogme de la croissance économique »

Très bonne chronique de celle qui a été ma candidate lors de la primaire des écologistes pour 2022, parce qu’elle est la seule qui parle vrai et à la hauteur de ce qui se passe et de ce qui nous attend.

« La jeunesse n’accepte pas de compromis et cherche une réponse radicale, au sens littéral du terme, c’est-à-dire qui s’attaque à la racine du fonctionnement de nos sociétés. »
Les anciens militants écologistes [et plus encore les adultes qui ne le sont pas] « se retrouvent aujourd’hui sans réponse face aux pourquoi d’une jeunesse qui voit tout s’effondrer » , à une vitesse inouïe, et qui se sent littéralement privée d’avenir.
« Les leaders écologistes sont dépassés, gênés, déstabilisés. »

Mais le silence, le déni sont de mauvaises réponses.
Plus on s’efforce de préserver cette jeunesse en ne parlant pas du désastre écologique (alors qu’elle a parfaitement compris ce qu’il l’attend), et plus elle se sent délaissée et niée, plus elle a l’impression de ne pas être prise au sérieux et d’être abandonnée à son sort.
Ce grand désajustement, ce grand divorce entre des jeunes terriblement angoissés et en colère et des adultes inconscients de la catastrophe, ou trop angoissés eux-mêmes pour se mettre à l’écoute, ou pas assez courageux pour changer radicalement de mode de vie, il ne fait que commencer.
Comme l’écrit Delphine Batho, « la jeunesse coupe les amarres. Dans les grandes écoles et dans les universités, des jeunes refusent de devenir les futurs cadres de la destruction. À l’échelle mondiale, au collège, au lycée, ils ont fait grève pour le climat. Dans la rue, ils se collent à terre, dans les musées, sur le périphérique parisien, dans les stades, ils crient leur désespérance, sachant qu’on ne les écoute pas » .

Il est à craindre que dans quelques années, beaucoup d’adultes se sentent obligés de baisser les yeux pour ne pas avoir à soutenir le regard de leurs enfants et de leurs petits-enfants, quand ceux-ci poseront LA question: « Pourquoi as-tu fait semblant de rien? Pourquoi as-tu fermé les yeux? Pourquoi as-tu continué à vivre comme si de rien n’était? « 

Très sincèrement, je prie pour ne pas entendre un jour ces questions dans la bouche de mes enfants, parce que je sais déjà que je ne pourrais pas le supporter. Je peux encaisser beaucoup, la solitude, la fatigue, le découragement… mais le regard réprobateur de mes enfants, je ne pourrai pas.

L’interview de Delphine Batho dans Le Monde

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