Georges Brassens – « La mauvaise réputation »

Il y a des gens qui sont amoureux de Brassens au point d’en connaître par coeur des dizaines de chansons, si ce n’est toutes.

Personnellement je ne l’écoute quasiment jamais, car musicalement je m’ennuie beaucoup. Parce que je l’ai lu, et parce que des amis guitaristes me l’ont expliqué, je crois avoir compris que les accords sont plus complexes qu’il n’y paraît. OK, mais l’impression qui domine quand même en moi, c’est que c’est répétitif, toujours pareil. Une morne plaine dans laquelle je guette en vain ne serait-ce que quelques collines.

Les textes, en revanche, sont souvent savoureux, drôles, touchants, perçants… notamment dans cette chanson.

Toutes et tous, nous avons en nous des aspects de nous-mêmes que nous préférons cacher, en tous cas ne pas trop exposer, parce que nous craignons que ce soit mal vu, mal interprété, et que ça nous retombe dessus, que ça puisse donc entraîner notre mise à l’écart. Or ne pas s’exposer tel que l’on est, cela signifie qu’on ne s’accorde pas beaucoup de crédit, que l’on donne davantage d’attention au regard et au jugement des autres qu’au sien. C’est une forme de trahison de soi-même, et en tous cas ce n’est pas la meilleure façon d’entretenir son estime de soi-même, qui est quand même indispensable pour être à peu près heureux.

Je crois que si j’aime bien cette chanson, c’est parce que Brassens y hausse les épaules et lance un superbe « Et alors? » On « médit de moi » , on « me montre au doigt » , on « se rue sur moi » , et même on « voudrait me voir pendu » : et alors? Du moment que « Je ne fais pourtant de tort à personne / en suivant mon chemin de petit bonhomme » , quel est le problème? Alors je continue ma route tel que je suis, même si ce n’est pas celle que les braves gens arpentent en bande (ou en meute).

Je dois dire que j’envie beaucoup cette facilité à se centrer sur ses propres impressions plutôt que sur celles des autres.

J’ai du mal avec la musique de Brassens, mais humainement je suis assez épaté et séduit par la façon débonnaire et tranquille avec laquelle il affirmait son indépendance d’esprit.

« Mais les brav’s gens n’aiment pas que

l’on suive une autre route qu’eux

Non les brav’s gens n’aiment pas que

l’on suive une autre route qu’eux »

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