Beck – « Loser »

Beck a écrit cette chanson à 21 ans, après plusieurs années de galère sans nom à New York, où il était arrivé avec une guitare sous le bras et huit dollars en poche, pas un sou de plus. Il était littéralement traumatisé à l’idée de devoir y passer un hiver de plus, et il est donc retourné à Los Angeles avec un profond sentiment d’échec: « Je n’en pouvais plus d’avoir froid, d’être fatigué et de me faire battre » .

Dans les deux années qui ont suivi, il a continué à vivre dans des conditions très précaires (dans un hangar), et il avait plus que jamais l’impression que personne ne s’intéressait à ce qu’il faisait, au point que quand il se produisait dans les bars, il inventait des chansons volontairement dénuées de sens: « Peut-être par désespoir ou par ennui, ou à cause de l’ennui du public, j’inventais des chansons ridicules juste pour voir si les gens écoutaient » .

Avec une telle trajectoire de vie, quand Beck se décrit lui-même comme un loser, ce n’est pas histoire de plaisanter, ce n’est pas une pirouette: cette chanson, c’était vraiment du vécu, il se voyait vraiment ainsi.

Quand le titre est sorti en 1994 sur l’album « Mellow gold » , je me vivais aussi comme un garçon assez vicié et indigne d’amour et d’attention, incapable de réussir dans les entreprises qui comptaient vraiment pour lui, alors j’ai tout de suite été frappé par cette chanson. Pour des raisons très différentes, certes, car j’ai eu une vie très facile sur le plan matériel, mais ce mot, « loser », j’avais l’impression qu’il me qualifiait tout à fait.

Je ne suis pas très fan des couplets, dont je trouve même la musique un poil agaçante à la longue, mais en revanche j’adore le refrain, que je trouve très drôle: « I’m a loser baby / so why don’t you kill me? »

Bon, OK, c’est drôle seulement quand on en est à peu près sorti de ce mal-être lancinant – quand on est plongé dedans, c’est pas jouasse…

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