En ce 8 mars, un partage de circonstance à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
De retour en 1983 du Paris-Dakar, Daniel Balavoine raconte qu’il a été violemment percuté par la pauvreté dans beaucoup des régions qu’il a traversées. Il va beaucoup s’inspirer de cette expérience dans l’écriture de son septième et avant-dernier album, « Loin des yeux de l’Occident »: on y trouve des chansons beaucoup plus engagées qui parlent de la torture (« Frappe avec ta tête »), de la dictature (« Revolucion »), de la dureté de la vie dans les pays du Tiers-monde (« Pour la femme veuve qui s’éveille »)…
Musicalement, le disque est très inspiré par Peter Gabriel, et il mélange des sonorités électroniques avec des percussions africaines, des choeurs « ethniques » (comme sur « Biko ») et des ambiances world music. Afin d’associer tout cela, Daniel Balavoine a utilisé une technique qui était assez novatrice à l’époque: un ensemble de claviers reliés à des ordinateurs. Ce système, appelé Fairlight, avait déjà été utilisé par Peter Gabriel, Stevie Wonder ou Herbie Hancock, et Balavoine est le deuxième français à l’employer après Jean-Michel Jarre.
Première chanson de l’album, « Pour la femme veuve qui s’éveille » est l’une de mes préférées. Elle rend hommage aux efforts que produisent inlassablement les femmes, tout autour du globe (« Et dans le monde c’est partout pareil« ), pour nourrir et protéger leur famille, « gardant le sourire » autant que faire se peut, même lorsqu’elles ont perdu leur homme et se retrouvent à tout devoir assumer.
Je n’arrive plus à retrouver le nom de l’historienne féministe qui a écrit que les femmes sont « les tisserandes du lien social« . Un grand nombre d’économistes, de sociologues ou d’anthropologues affirment aussi, statistiques et observations à l’appui, que très souvent (pas toujours, mais très souvent), les femmes sont la clé de voûte des structures sociales: elles savent bien mieux que les hommes se mettre à l’écoute des autres, produire de la concorde, se soucier du long terme, mettre de l’argent de côté en cas de coup dur…
Je sais très bien que ces comportements sont dans une large mesure une conséquence de l’éducation genrée que l’on donne encore aujourd’hui aux enfants selon qu’ils sont des garçons ou des filles. Je sais très bien que beaucoup de femmes se sentent enfermées par les injonctions à prendre soin des autres, parce que ça les empêche de se réaliser pleinement elles-mêmes, de s’affirmer sans réserve, de faire les choix qui leur plairaient mais auxquelles elles renoncent parce qu’ils contreviennent aux stéréotypes de genre (et/ou parce qu’elles subissent des discriminations liées à leur sexe). Il n’y a pas de « valeurs féminines », il n’y a pas de « part féminine », il n’y a pas de gène spécifiquement féminin de l’empathie, de la douceur, de la réserve ou de l’oblation (et encore moins de l’aspirateur et du nettoyage de la cuvette des toilettes). Tout cela, je le sais bien, est en très grande partie le fruit de la socialisation.
Certes.
Mais quand même, en regardant autour de moi, il me semble qu’il y a des valeurs que, généralement, les femmes savent un peu mieux incarner. Et en tous cas je me dis très souvent: « Heureusement qu’elles sont là ».
« Veuve d’un monde qui défaille,
rien ne peut égaler ta taille »