Revue « Terrestres » – « Un vent de fronde écologique se lève »

La revue Terrestres a publié une série d’entretiens passionnants sur le mouvement des Soulèvements de la terre et sur la façon dont l’État cherche à le museler.
Voici quelques extraits auxquels je souscris à 100%. Je vous invite à les lire, notamment la dernière, sur laquelle beaucoup de gens aujourd’hui insouciants feraient bien de méditer.

* Dominique Bourg, philosophe

– « L’habitabilité de la Terre est en cours de réduction rapides. S’élever contre tout ce qui accélère cette dynamique m’apparaît comme un acte d’auto-défense élémentaire. »

* Isabelle Stengers, philosophe des sciences

– « La stabilité de cet ordre demande la docilité d’un troupeau qui se rassure grâce à des mesurettes gentilles et individuelles, qui ne dérangent personne et permettent à nos bergers gagner du temps » , c’est-à-dire de « continuer le plus longtemps possible à justifier le pillage et la destruction par l’impératif de la croissance » . Mais « ce temps qu’ils gagnent aujourd’hui est aussi un temps que nous perdons et dont nous aurons tous et toutes à payer la perte au prix fort (…) lorsque viendra le temps des mesures autoritaires «malheureusement nécessaires» face à l’urgence. »
– « L’actuelle dynamique politique et activiste est dangereuse pour l’ordre public, d’autant plus qu’elle sera nourrie par de nouvelles générations qui comprendront qu’elles devront subir leur vie durant et de plein fouet les conséquences dévastatrices de l’irresponsabilité. »

* Sophie Gosselin, philosophe

– « La plupart des luttes écologiques ont pour objectif de faire prendre conscience aux gouvernants de la nécessité de changer leur politique. Ils se mettent dans la position de quémander à l’État de mieux agir. (…) Il s’agit au contraire de se doter de nouvelles formes institutionnelles, à la fois plus démocratiques et plus terrestres (c’est-à-dire à l’échelle des milieux de vie) » .
– « La qualification de «terroriste» par les gouvernants a pour but de neutraliser politiquement ceux qui mettent en question leur légitimité (…): de les disqualifier en rendant leur parole inaudible et de justifier l’usage de la force pour les arrêter voir les anéantir. (…) Ils les transforment en «ennemis intérieurs» à éliminer. (…). Une telle accusation consiste à refuser a priori la possibilité même du dialogue. C’est un acte totalement antidémocratique. »

* François Jarrige, historien

– « Résister à la destruction du monde vivant est devenu un impératif et un devoir; parce que les alertes scientifiques se répètent depuis des décennies sans transformer les politiques publiques au delà d’une transition cosmétique voire contre-productive. »
– « Demandez-vous comment la prochaine génération, dans 20 ans, jugera ce qui se passe aujourd’hui, à qui donnera-t-elle raison lorsque les crises environnementales auront atteint des phases critiques? »

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