« Nous avons créé un système dans lequel il est devenu simplement impossible de vivre. »
Cette phrase de Michel Houellebecq dans Plateforme, c’était une hyperbole. Nous étions en 2001. Aujourd’hui c’est en train de devenir une réalité.
Cela fait un moment que je pense que la société moderne est un cadre de vie de plus en plus inhumain.
L’essentiel des humains « civilisés » vivent enfermés dans des logements empilés les uns sur les autres, mais le plus souvent sans interactions ou presque avec leur voisinage.
Ils mettent au monde des enfants qu’ils confient à des services spécialisés alors qu’ils ne sont même pas sevrés, parce qu’ils ont besoin d’être « libres » pour aller faire un travail, qui le plus souvent, est dénué de sens et leur ruine la santé.
Certes, ce travail permet aux humains de « gagner leur vie », mais c’est afin de se payer des objets ou des services qui, pour la plupart d’entre eux, ne les rendent pas heureux (les troubles de santé mentale explosent de tous côtés, surtout chez les jeunes et même chez les enfants), et qui même les asservissent et dégradent nombre de leurs potentialités. Par exemple, la voiture nous permet d’aller vite mais nous désapprend à nous servir de nos pieds, les écrans nous permettent de communiquer à distance mais ils contribuent à nous couper des proches qui nous entourent, etc.
Les humains « civilisés » savent configurer un portable, utiliser une appli ou alimenter un site internet, mais ils sont de plus en plus dénués de tout savoir-faire concret, incapable de produire un pouillème de ce qu’ils consomment au quotidien, ni leur alimentation, ni leur énergie, ni leurs vêtements, ni leurs objets quotidiens, ni de quoi se soigner, etc. Du point de vue pratique, nous sommes sûrement la génération la plus incapable de l’histoire de l’Humanité.
Et en plus nous sommes (je parle des « civilisés ») la génération la plus nuisible, comme le démontrent toutes les études consacrées à la crise écologique: c’est toujours, toujours, le mode de vie des « civilisés » que nous sommes qui est le responsable du désastre (climat, biodiversité, pollutions diverses, épuisement des ressources, etc.)
Autrement dit, non seulement tout ce merveilleux « progrès » ne nous rend même pas heureux, mais en plus il est en train de rendre cette planète inhabitable, pour tout le monde, pour tous les humains et pour la plupart des non humains sentients, y compris pour l’immense majorité d’entre eux qui vit paisiblement et durablement, et qui ne demande qu’une chose, que ça continue ainsi.
– « Les coprésidents du groupe de travail 2 du GIEC, l’Allemand Hans-Otto Pörtner et la Sud-Africaine Debra Roberts, préviennent que nous ne sommes pas préparés aux impacts extrêmes et aux «surprises» que nous réserve le dérèglement climatique. »
– « Ces conditions dépassent de plus en plus souvent les limites de l’adaptation humaine et mettent en péril notre survie. (…) Nous poussons maintenant la planète vers un avenir climatique où seule une partie de sa surface sera habitable par les animaux, y compris les humains. (…) Notre espèce est l’une des plus vulnérables en raison de la complexité de nos systèmes d’infrastructures, de notre économie et de notre interdépendance mondiale. Le fait que nous ayons colonisé tous les coins de la planète nous rend dépendants de notre climat actuel. Et nous jouons avec lui. »
– « Si les plus pauvres et les plus vulnérables subissent le plus durement le changement climatique, en réalité, personne ni aucune région n’est à l’abri de ses effets. »