De quoi avons-nous « besoin » pour vivre correctement? L’exemple de la douche

De quoi avons-nous « besoin » pour vivre correctement? C’est l’une des questions les plus essentielles à se poser pour entrer réellement dans une démarche de sobriété (au niveau individuel) et de décroissance (au niveau collectif).
Cette question est au coeur de la démarche d’un de mes amis, Pierre1911.fr (sur le réseau social bleu). Installé dans le Périgord vert, il développe un projet d’autonomie alimentaire et énergétique d’une ambition impressionnante, avec une force de travail incroyable. Selon lui, tout doit partir de l’analyse du besoin, car c’est seulement de là que nous pouvons opérer des choix durables en matière de consommation, d’alimentation, de déplacements, etc.
Or la quasi totalité des Occidentaux, en tous cas dans les catégories sociales moyennes et aisées (je ne parle même pas des hyper-riches), ont une vision de leurs « besoins » qui est totalement hors sol.
Nous ne savons pas faire la différence entre 1) nos besoins réels, fondamentaux, vitaux, 2) nos « besoins » induits par le mode de vie « moderne » (qui en fait n’en sont pas), et 3) notre désir de satisfaire ces « besoins » de façon pratique et agréable.
Surtout, nous n’avons pas une idée précise, voire pas la moindre idée des implications qui se cachent derrière ce que nous appelons nos « besoins », et qui font qu’en réalité, ces « besoins » (qui n’en sont pas) sont totalement insoutenables à l’échelle de l’Humanité et sur le long terme.

Récemment, Pierre a illustré sa réflexion avec l’exemple de la douche. À l’une de ses amies (pourtant « écolo ») qui s’inquiétait de savoir comment elle allait pouvoir se laver chez lui, il a posé une suite de questions pour lui faire prendre conscience que « se laver » exige tout une série d’opérations dont elle n’a aucunement conscience, mais dont on peut tout à fait se passer sans en mourir ou perdre notre humanité.
Ce qu’implique pour elle cette simple phrase, « J’ai besoin de me laver », c’est 10 l d’eau (soit bien plus que nécessaire), propre, chaude, disponible dans un lieu clos des regards et tempéré, n’importe quand (mais pas en milieu de journée alors que ce c’est là qu’un chauffage solaire est le plus pertinent), et sans effort (pas d’eau à aller chercher au puits, pas de bois à couper et à brûler).
Pour obtenir tout cela, un citadin lambda n’a qu’à tourner quelques robinets.

Comme le dit Pierre, cet exemple permet de « faire comprendre à mes contemporains qu’ils ne sont pas capables de définir correctement leurs besoins », à force d’avoir biberonné à l’énergie à foison et pas chère. Or cette confusion entre le besoin et les moyens est clairement « un frein à notre transition vers un monde plus sobre. »
Tant que nous aurons de nos besoins une vision totalement déraisonnable et insoutenable (voyager en avion, prendre notre voiture pour de courts trajets, manger beaucoup de viande et d’aliments hors saison, changer de vêtements au gré de nos envies…), nous continuerons à foncer vers le gouffre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *