Pierre Guédron (1565-1621) fut surintendant de la musique sous le règne de Louis XIII, et il a composé un grand nombre de ballets et d’airs de cour dont les titres sont souvent, comme ici, pleins d’une mystérieuse séduction (j’aime aussi beaucoup « Cessez mortels de soupirer » ).
Pierre Guédron fait partie des compositeurs « mineurs » , des « petits maîtres » qui sont mis à l’honneur par le Poème harmonique, un ensemble musical créé par le luthiste et chef d’orchestre Vincent Dumestre, et dont la spécialité est d’exhumer des trésors méconnus de la musique baroque française.
En écoutant ce délicieux air de cour, la virevolte de ces voix et de ces lignes mélodiques qui s’entremêlent avec grâce, je pense à son titre et je me sens tiraillé entre deux sentiments contradictoires.
La tentation de me laisser convaincre, après des années perdues à essayer de faire (re)vivre quelque chose qui était en fait déjà mort, en tous cas moribond depuis pas mal de temps. Si l’amour débouche sur la frustration et le sentiment d’injustice que j’ai vécus ces dernières années, alors effectivement je préfère qu’il ne s’avise pas de toquer à nouveau à ma porte.
Et malgré tout, l’envie demeure de résister à ce défaitisme et de réclamer que l’amour revienne: « Si si, qu’on m’en parle encore, s’il vous plaît » .