Leader du groupe allemand Get well soon, Konstantin Gropper se décrit lui-même comme un jeune homme sensible qui reste le plus souvent cloîtré dans sa chambre à inventer et trifouiller des mélodies, et qui aime à fantasmer un monde immense et ouvert, celui-là même qu’il n’ose pas vraiment explorer dans la « vie réelle ». Son processus de création est d’autant plus solitaire qu’il joue d’à peu près tous les instruments qui figurent sur ses albums.
Porté par son imagination et son désir de grands espaces, il compose des morceaux qui tourbillonnent de créativité et d’orchestrations, qui sont parfois baroques, alambiqués, à la limite de l’excentricité. Sa musique est là pour panser les plaies (« Get well soon » , cela signifie « Ça ira mieux bientôt » , ou mieux encore Prompt rétablissement » ), pour donner le courage nécessaire pour affronter le monde extérieur, et c’est peut-être pour cela qu’elle a tant d’ampleur et de flamboyance.
Cela dit sur ce morceau, tiré du magnifique album « Vexations » (2010), c’est plutôt la sobriété et la gravité qui dominent, en tous cas dans les couplets. Le rythme est lent, la mélodie semble mettre en musique une nature morte, une inquiétude et une fragilité viscérales, qui transparaissent très bien dans les paroles que je recopie ci-dessous.
Mais « A Voice in the Louvre » est aussi un morceau majestueux et doux, notamment dans les ponts instrumentaux qui démarrent à 1’43 et 3’36, et dans les refrains symphoniques où une foule de sonorités se répondent avec une parfaite harmonie (piano, cordes, guitare, carillon…) C’est une musique qui nous dit: laissez-vous porter, laissez-vous vibrer.
Avec cette chanson, Get well soon démontre, comme les Smiths, Radiohead, Nick Cave, Tindersticks ou The National par exemple, qu’une grande ambition musicale et poétique peut tout à fait déboucher sur une beauté fulgurante ET accessible à tout le monde.
Mais arriver à cette espèce de Graal musical n’est justement pas donné à tout le monde…
« Deep in the swarm,
hold on, mother
to these shaky hands
In open waters,
save me, father
from the rising flood »