En 2004, Nick Cave sort un double album curieux, dont les deux moitiés portent chacun leur propre nom (« Abattoir blues » et « The lyre of Orpheus ») et offrent des ambiances musicales assez différentes. En fait il s’agit plutôt de deux disques distincts mais commercialisés au même moment et dans le même (très beau et élégant) coffret.
De ces deux albums, je préfère nettement le second, parce qu’il est moins fiévreux et plus apaisé, notamment sur cette magnifique et troublante ballade qui s’étire lentement sur pas loin de sept minutes, emmenée par une courte séquence de cordes qui revient d’un bout à l’autre, sinusoïdale et obsédante.
Comme souvent, Nick Cave y apparaît tourmenté – d’ailleurs il attaque de but en blanc par « It’s difficult / It’s very tough« . « Easy Money » décrit le destin d’un jeune prostitué dont la vie est corrompue par l’argent, et elle le fait avec un mélange de lyrisme et de brutalité (« Money men, it is a bitch / The poor they spoil it for the rich« ).
Mais à entendre la musicalité soyeuse de cette chanson, le choeur gospel qui l’appuie sur les refrains, la façon dont la voix de Nick Cave s’élance alors, on se dit que la rédemption ne semble pas inaccessible, pour lui comme pour ce jeune prostitué. On le leur souhaite.